Nice-Matin (Cannes)

L’autre roi de Naples Le chiffre 

Dans une ville qui ne jure que par Diego Maradona, Marek Hamsik est une légende

- MATHIEU FAURE

Pour comprendre ce que représente Marek Hamsik, le capitaine du Napoli depuis trois ans, dans la ville qui regarde le Vésuve dans les yeux, il faut se rendre dans le quartier Quarto. A l’image du portrait géant de Diego Maradona à San Giovanni, le peintre napolitain Jorit Agoch vient de rendre hommage au Slovaque. Depuis juillet, un immense portrait d’inspiratio­n maori orne un mur de ce quartier napolitain. Dans une ville où rien ne se fait sans raison, il s’agit d’une véritable marque de respect du peuple napolitain envers son joueur, érigé à la même hauteur qu’un certain Maradona, idole du coin depuis son passage remarqué entre 1984 et 1991. Depuis la folie «El Pibe de Oro», aucun joueur du Napoli n’avait eu droit à autant d’égards. Il faut dire que Marek Hamsik, 30 ans, porte le maillot azur depuis plus de dix ans. Avec 452 matches joués pour le club, il est tout simplement le joueur étranger ayant joué le plus de matchs avec le Napoli, troisième au total derrière les légendes Antonio Juliano (505) et Giuseppe Bruscolott­i (511). Ce n’est pas un simple milieu de terrain que le Gym va trouver sur sa route, c’est une légende. Un homme qui a en ligne de mire un autre record, bien plus parlant, celui du nombre de buts marqués sous le maillot des Partenopei. Avec 113 caramels, Hamsik n’est qu’à deux longueurs du record de Diego Maradona. « Je ne serai jamais aussi ‘‘grand’’ que lui, mais je voudrais effacer son record de buts sous le maillot du Napoli », aime répéter le milieu de terrain qui aura tout connu en Campanie. L’homme est tellement lié au club que sa soeur, Michaela, est mariée à Walter Gargano, son ancien coéquipier napolitain. Même les vices de la ville n’ont plus de secrets

‘‘ pour lui. En décembre 2008, il se fait braquer par un scooter et deux hommes armés au volant de sa bagnole. Sous la menace d’un flingue, il se fait voler son portefeuil­le et sa Rolex Daytona, d’une valeur de 25 000 euros. La rumeur se propage en ville et les Ultras de la Curva B, le principal groupe du San Paolo que la légende urbaine imagine proche de la Camorra, la mafia locale, prennent l’affaire en mains. Dans les heures qui suivent, la montre est retrouvée et remise au commissari­at avec un mot d’excuse. Les joueurs du Napoli sont au-dessus du commun des mortels. Car à Naples, plus qu’ailleurs en Italie, le football est roi. Hamsik s’est tellement bien imprégné de la ville qu’il en a hérité un surnom, « Marechiaro », en référence à un coin cosy du quartier Posillipo. Personne n’imaginait qu’un Slovaque, présenté le même jour qu’Ezequiel Lavezzi en 2007, deviendrai­t à ce point une légende du club. Fan de tatouages, il est même devenu un fidèle de Enzo Brandi dit « Enzo Tattoo », un Napolitain très proche de Paolo Cannavaro. Au civil, Hamsik a quand même besoin de se retrouver au calme. C’est pourquoi il loge à 50 bornes du volcan napolitain, à Castel Volturno. Pour mieux se concentrer, lui l’enfant de Banska Bystrica, une ville minière et ouvrière à 2 heures de bagnole de Bratislava. Hamsik a grandi au milieu des montagnes. Et ça, pendant 14 piges. Alors qu’il a le choix entre le hockey-sur-glace et le football, le petit Marek, 4 ans, prend le football et se fait vite repérer par le Slovan Bratislava. Il est tellement audessus du lot que lors d’une victoire record 31-0 avec les jeunes du Slovan, Marek balance 16 pions dans les ficelles. Une précocité qui lui ouvre les portes de l’Italie à 17 ans. Ce sera Brescia, puis Naples, à 20 ans. Dix ans plus tard, c’est son univers. Notamment la « Napolétani­té », qui, pour lui se définit simplement par « être heureux, vivre ensemble » . Meneur de jeu, numéro 10, relayeur, certains le disent polyvalent mais Hamsik sait où il est bon. Et son entraîneur Maurizio Sarri aussi. Son truc, c’est le milieu à trois. « J’aime être face au jeu, voir les solutions qui s’offrent à moi pour orienter et me projeter » disait-il dans les colonnes de So Foot avant l’Euro 2016. C’est là qu’il peut envoyer des pralines du droit, mais aussi du gauche, tout en régalant les copains du trident offensif Mertens-Insigne-Callejon. Pendant longtemps, on a surtout détaillé la dégaine du garçon plutôt que ses statistiqu­es. Et notamment cette crête. « J’ai cette crête depuis que j’ai 12 ou 13 ans. Même mes parents ne me l’ont pas interdit à l’époque. Maintenant, je ne peux plus m’en débarrasse­r. Elle fait partie de moi, c’est mon symbole ». En mai 2012, Marek promet qu’il va se faire la boule à zéro si le Napoli remporte la Coupe d’Italie. Chose promise, chose due. Naples bat la Juve 2-0, Hamsík marque et, le lendemain, des photos de lui avec le crâne tout lisse circulent sur la Toile. Depuis la crête a repoussé et la légende de Marek s’est épaissie. Le nombre de buts marqués par Marek Hamsik à Naples depuis , à deux unités du record du club détenu par un certain Diego Armando Maradona...

 ?? (Photo AFP) ?? Gueule de punk, tatouages, crête, Marek Hamsik est l’homme parfait pour réveiller la folie napolitain­e.
(Photo AFP) Gueule de punk, tatouages, crête, Marek Hamsik est l’homme parfait pour réveiller la folie napolitain­e.

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