Nice-Matin (Cannes)

Pour une nuit à passer « Le sommeil marin ? »

Zoom sur l’offre en ligne qui continue de défier celle de l’hôtellerie

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Comme des petites guirlandes magenta. Sur les sites de réservatio­ns et de comparatif­s en ligne, les hôtels antibois affichent la même mine. Un prix initial barré et un nouveau revu à la baisse. Selon les établissem­ents – dont ceux à plusieurs étoiles – l’économie réalisée est présentée comme allant de 138 euros à 59 euros en passant par 88 euros. Si l’offre s’avère des plus alléchante­s, une question se pose en lame de fond : que signifie cette baisse ? Henry Mathey, président général de l’Umih (1) locale, explique la situation : «En pleine saison, nous affichons des tarifs pleins. Mais face à la concurrenc­e déloyale d’Airbnb, nous devons proposer des prix attractifs. » S’agit-il de brader les chambres ? « Pas du tout on ne brade pas ! Baisser les prix c’est surtout se mettre à la portée des gens. » Une précision que le responsabl­e met en parallèle avec la fréquentat­ion en cette saison : « Il faut savoir que l’on travaille très bien. Il y a du monde dans les hôtels, dans les restaurant­s. Juan-lesPins tire son épingle du jeu, la clientèle internatio­nale est également présente. On n’est pas tout le temps obligés de se plaindre… »

« Les campings aussi le ressentent » Pour autant, l’ombre d’Airbnb semble planer sur cet ensoleille­ment… : « Une nuit dans un appartemen­t Le concept garde le vent en poupe. Passer une nuit dans un endroit dit « insolite » tente de plus en plus de monde. Que ce soit pour l’aventure ou pour l’expérience, les possibilit­és se déclinent à travers le bassin antibois. Impossible donc de lister exhaustive­ment toutes les offres Airbnb. Mais celle qui revient le plus souvent fait appel au grand large. Les embruns et le petit vent de liberté vous titillent ? C’est l’occasion de tester l’offre bateau. Entre Antibes et Golfe-Juan, les propriétai­res permettent à leur locataire de jouer les matelots endormis le temps d’une nuit. Cela peut aller de  euros la nuit sur un voilier de  mètres à… à 100 euros pour quatre personnes, on ne peut pas proposer le même tarif. C’est pour cela que nous luttons en amont auprès des élus, des services de l’État pour que les taxes qui nous sont appliquées le leur soient aussi. » Pour faire entendre leur voix, les hôteliers bénéficien­t de «l’appui total du député Eric Pauget (2)»: «Il ne faut pas oublier qu’il est également un   euros sur un super-yacht pour huit personnes. Oui bon, ce n’est certes pas le même budget, mais cela donne une idée de l’éventail disponible dans le bassin. patron du tourisme», précise Henry Mathey avant d’évoquer le sort des campings : « Eux aussi sont touchés par Airbnb. Pour le même prix, les gens peuvent avoir un appartemen­t dans le coin. C’est sûr, cela capte tous les publics. Les hôtels ne sont pas les seuls à le ressentir. » Au-delà de la question fiscale, celle de l’image ressurgit : « Il faut que les prix soient différents pour Depuis l’an dernier, le site Airbnb a changé ses habitudes. Auparavant, il devait reverser luimême les taxes de séjour prélevées aux communes. Si désormais cette action est automatisé­e et fait tomber dans les caisses communales la fameuse somme, elle n’est pas en vigueur dans toutes les communes de France. L’été dernier, la plateforme a choisi d’ouvrir ce service aux « 20 villes accueillan­t plus de 50 % des voyageurs Airbnb en 2015 ». Et vous l’avez dans le mille : Antibes en fait partie – tout comme Nice et Cannes. Autant dire que cela facilite grandement les flux de ces sommes. Il faut savoir que la taxe de séjour « est due par chaque vacancier qui passe une nuit dans un hébergemen­t »et« permet bien montrer qu’on est différent! Des locataires déçus d’Airbnb sont venus nous voir au local de l’Umih. Ils nous ont raconté qu’ils sont arrivés dans le logement, que les draps n’étaient pas changés, que la vaisselle sale traînait dans l’évier… Ces personnes nous ont demandé ce que l’on pouvait faire pour elles. Mais à part les guider pour louer une chambre d’hôtel, nous, on ne de financer les dépenses liées à la fréquentat­ion touristiqu­e ou à la protection de leurs espaces naturels touristiqu­es dans un but touristiqu­e ». s’occupe pas de cela ! Cela prouve bien que l’hôtellerie garantit une qualité de service. »

Un nouveau virage Pour faire face à cela, les profession­nels s’interrogen­t. Et commencent à prendre un nouveau virage. « C’est un autre mode de consommati­on. On doit s’adapter », résume Henry Mathey avant d’expliquer sa pensée : « Que peut-on apporter de plus ? Dans l’accueil peut-être ? Est-ce que l’on peut imaginer ouvrir une salle pour que les clients puissent se réchauffer quelque chose à manger pour qu’ils ne soient pas obligés de dépendre entièremen­t de l’hôtel?» Des réflexions qui s’accompagne­nt d’une projection. « Comme nous sommes obligés de baisser les prix, ce phénomène diminue nos marges. Ce qui influe sur notre capacité à réaliser des investisse­ments et donc à être attractifs… » Gare aux prévisions à court terme donc : « Il faut réagir très vite et composer avec ces nouvelles habitudes. La seule chose que l’on demande c’est qu’Airbnb paie les mêmes choses que les pros ou les propriétai­res de location de vacances en meublé de tourisme déclarés en mairie. » De la concurrenc­e oui. Mais sur le même terrain donc. Chaque ville fixe ellemême le taux en conseil municipal. Ainsi, cette taxe s’élève à 0.55 euros sur les « terrains de camping et terrains de caravanage classés en 3, 4 et 5 étoiles » dans la cité des Remparts. Soit cinq centimes de plus qu’à Biot.

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