Carros, le village médié un panorama à 180°
Carros, première zone industrielle du département, est avant tout, depuis des siècles, un village perché. Ses étroites rues pavées aux noms provençaux grimpent vers le château qui guette l’assaillant de son pic depuis près d’un millénaire. On ne l’imagine pas toujours, mais les premiers Carrossois vivaient encore plus haut dans la colline, à la fin de l’âge du fer. Les cabanes de pierre d’un habitat préromain y ont été mises au jour. Vinrent ensuite les colons romains de Vicus lavaratensis (le Carros antique). Ses dignitaires ont laissé derrière eux des stèles funéraires, réemployées ici et là, et parfois à l’envers, dans les murs du village : au XIIe siècle, un habitat médiéval y est attesté au pied du château des Blacas. De son nom, castrum Carrosi, découle celui de Carros. Au XXe siècle, l’immigration italienne est arrivée aux Plans. Aux jardins des villageois se sont ajoutées de grosses exploitations agricoles. C’était le temps des anémones, des fraises, des arbres fruitiers et du maraîchage, dont la blette qui alimentait tout Nice. Avec les années 60, le projet de zone industrielle et de ville nouvelle met Carros le neuf sur les rails. De quelques centaines d’habitants la ville est passée, avec les derniers programmes immobiliers, à 12 000 résidents. Tous ont eu peur, lors de l’incendie récent du 24 juillet qui a laissé derrière lui une forêt en ruines, et des habitants privés de leur maison. À l’heure de panser les plaies, l’histoire, deux fois millénaire, demeure. Immuable.
VALÉRIE ALLASIA