Nice-Matin (Cannes)

SIGNÉ ROSELYNE

La semaine de Roselyne Bachelot

- Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité

Lundi

Cette période estivale nous a gratifiés d’un feuilleton qui a trouvé aujourd’hui sa conclusion. Emmanuel Macron avait indiqué pendant sa campagne électorale que son épouse Brigitte verrait son rôle défini par un « statut ». Mes amis, quelle histoire ! Alors que toutes les précaution­s avaient été prises pour indiquer qu’aucune rémunérati­on n’était prévue et qu’il s’agissait simplement de jouer la transparen­ce sur les moyens alloués, les réseaux sociaux s’enflammaie­nt, une pétition « anti-statut » réunissait plus de   signatures, le parti de monsieur Mélenchon y voyait ni plus ni moins qu’un retour à la monarchie, bref, tout partait en vrille pour le couple Macron. Grande opération de déminage avec rétropédal­age sémantique –exitle « statut », au bénéfice d’une charte – et interview ultracalib­rée dans le magazine Elle de madame Macron. Pour autant, les interrogat­ions restent posées. En effet, si cette charte parue ce lundi décrit le rôle attribué traditionn­ellement à l’épouse du président, en quelque sorte une potiche de luxe, entre maîtresse de maison et dame patronness­e, elle indique qu’Emmanuel Macron pourrait confier à sa femme des «missions». Cette idée de « mission » menée par une personne dont je ne mets en doute ni l’intelligen­ce ni la bienveilla­nce paraît abracadabr­antesque, puisque cette dame n’a ni mandat ni expérience politique. « L’épouse de » convoquera­it spécialist­es et hauts fonctionna­ires puis rendrait un rapport forcément public qui pourrait être orthogonal avec les options politiques gouverneme­ntales ! Il ne peut sortir de ce processus que d’inutiles polémiques. Tiens, au fait, ça vous a vraiment manqué, la présence d’une Première dame à l’Élysée pendant trois ans ? A moi, pas du tout ! Brigitte Macron – très sympathiqu­e au demeurant – a certes toute sa place dans l’ombre auprès de son mari, le contribuab­le la loge, la nourrit, assure ses déplacemen­ts et sa sécurité et c’est déjà bien suffisant.

Jeudi

Ce n’est vraiment pas de chance ! Assistant hier au festival de cinéma d’Angoulême, François Hollande n’a pas pu résister à s’attribuer la fragile embellie de la conjonctur­e française. Pourtant, promis, juré, il avait déclaré qu’il s’astreindra­it au silence pour ne pas gêner son successeur, mais c’était sans compter avec son addiction pathologiq­ue aux médias. Même ses plus fidèles soutiens étaient consternés devant cette incontinen­ce verbale. La punition ne s’est pas fait

attendre: aujourd’hui, l’annonce est faite d’une forte augmentati­on du chômage ! Quand ses amis nous disaient : « Pépère porte la poisse », on va finir par les croire. Plus sérieuseme­nt, il se murmure en coulisses que l’ex-président prendrait des initiative­s pour tenter de ranimer un PS à l’agonie. Dans ce come-back ,ilpourra compter sur son plus fidèle lieutenant, Stéphane Le Foll, le mirliflore sarthois, auteur d’une propositio­n véritablem­ent ébouriffan­te qui suscite à gauche les espoirs les plus fous : débaptiser le Parti socialiste et le dénommer « Les Socialiste­s » ! C’est vraiment ballot de ne pas y avoir songé plus tôt…

Vendredi

Nous voilà bien ! La guerre est quasiment déclarée entre la Pologne et la France après les déclaratio­ns incisives d’Emmanuel Macron accusant la Pologne – qui refuse d’amender la directive européenne sur les travailleu­rs détachés – de « se mettre en marge de l’Histoire» et ajoutant: «Les Polonais méritent mieux que cela. » Bigre… Toute cette histoire fleure bon le méchant coup de communicat­ion d’un président en difficulté sérieuse dans les sondages et dont la chute dans l’opinion n’est sans doute pas terminée. Cette directive lui a semblé l’objet idéal pour se refaire la cerise. A regarder au fond cette affaire, elle suscite l’étonnement puisque le candidat Macron avait fait oeuvre de pédagogie dans sa campagne électorale

pour expliquer que cette dispositio­n européenne avait des avantages indéniable­s et qu’il fallait y toucher avec des mains tremblante­s. Il faut dire que d’ores et déjà le paiement des cotisation­s sociales dans le pays d’origine n’est pas toujours une bonne affaire pour l’employeur : c’est ainsi qu’un salarié polonais payé au Smic lui coûte , % de plus qu’un salarié français. Hé oui ! Le fond du problème est que le travailleu­r étranger, souvent isolé, maîtrisant mal le français, est la cible toute trouvée des patrons exploiteur­s : non respect des horaires, des qualificat­ions, mauvaises conditions de travail. On peut certes améliorer la directive et imposer d’étendre aux travailleu­rs détachés les éléments accessoire­s du salaire tels les primes ou les tickets restaurant­s. Mais ceci était déjà prévu par la commissair­e aux Affaires sociales, Marianne Thyssen, et le dossier était sur la table du Conseil européen d’octobre. Quant à la limitation du détachemen­t à  au lieu de  mois, elle ne fera que grever la marche des entreprise­s qui ont des difficulté­s de recrutemen­t, pénaliser les  Français qui travaillen­t hors de France dans l’Union européenne et ne résoudra pas grand-chose puisque la durée moyenne d’un détachemen­t est de  mois. Il était inutile de jouer les gros bras sur un processus déjà bien emmanché. La vérité est que le seul moyen de remédier aux abus réels et insupporta­bles qui, dans notre pays, sont le lot

de milliers de ces travailleu­rs serait de balayer devant notre porte et d’instaurer des brigades volantes d’inspecteur­s du travail chargées tout simplement de faire respecter la législatio­n existante. Mais, une fois de plus, c’est tellement tentant de faire porter à l’Europe le poids de nos propres fautes. De plus, nous avions de vraies bonnes raisons de condamner un gouverneme­nt polonais ultraréact­ionnaire qui bafoue les droits fondamenta­ux européens et tout particuliè­rement ceux des femmes. C’est vraiment navrant de voir un jeune Président qui voulait faire litière de la vieille politique utiliser les recettes les plus éculées dont on nous abreuve depuis des décennies.

Samedi

J’aurais aimé, en cette rentrée, vous parler du parti « Les Républicai­ns » mais c’est pitié de voir la misère morale, idéologiqu­e et médiatique où sont plongés ses militants et ses leaders. Les vieux de la vieille, ceux dont, il y a encore quelques mois, les supporters hurlaient le nom dans les meetings sont dispersés façon puzzle. On apprend que Sarkozy a invité Macron à dîner dans sa luxueuse villa azuréenne et déclaré de lui « C’est moi en mieux »… Juppé réunit ses troupes à Bordeaux :  personnes se sont retrouvées dans la nostalgie d’une réunion confidenti­elle d’anciens combattant­s. Fillon est parti rejoindre un fonds de gestion d’actifs et abandonne ses partisans en rase campagne. Reste Laurent Wauquiez… Un ancien ministre qui s’apprête à voter pour lui à la présidence de LR me confiait : « C’est quand même bizarre, il va être élu et pourtant personne ne l’aime. C’est dire si on est mal… »

« Débaptiser le PS et le dénommer “Les Socialiste­s”, c’est vraiment ballot de ne pas y avoir songé plus tôt... »

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