Nice-Matin (Cannes)

Autoroute: la grande frayeur des patrouille­urs

Cinquante-huit véhicules d’interventi­on heurtés sur le réseau Vinci Autoroutes depuis le début de l’année en France, dont 7 sur le réseau Escota. Des chiffres préoccupan­ts

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Je n’ai pas peur quand je travaille, mais je suis hypervigil­ant. Je n’ai jamais eu d’accident, même s’il m’est arrivé, parfois, d’avoir un petit peu chaud. Quand je travaille, pendant 8 heures, je suis sur mes gardes en permanence, j’ai six paires d’yeux.» Ce qu’aimerait Dominique Probst, patrouille­ur sur le réseau autoroutie­r Escota depuis 1983, c’est que les automobili­stes aient également... « six paires d’yeux ». Car c’est loin d’être le cas. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis le début de l’année, 58 véhicules d’interventi­on autoroutie­r ont été heurtés sur le réseau Vinci. Dont sept sur le seul réseau Escota.

Un fourgon ça cache des humains

Parmi les derniers accidents, l’un sur l’A51 près de La Saulce : « Heureuseme­nt le salarié était à l’extérieur du fourgon. Il est choqué mais pas blessé », précise Escota. L’autre sur l’autoroute A52 à proximité d’Aubagne. Cette fois deux salariés ont été blessés, heureuseme­nt sans gravité. « Ce qu’il faut que les automobili­stes comprennen­t, c’est qu’un fourgon, ce n’est

pas seulement de la tôle, c’est aussi des ouvriers, des

êtres humains », précise le patrouille­ur de 57 ans, qui a toujours travaillé sur le réseau de Nice. Ces ouvriers ce sont les fameux hommes en jaune qui sécurisent les voies… En première ligne lors des travaux, ou pour sécuriser un véhicule lors d’un accident.

Téléphone, télévision...

Et le réseau Vinci est très préoccupé : « En 2016,

124 véhicules d’interventi­on avaient été heurtés sur l’ensemble du réseau autoroutie­r concédé français (soit plus de deux par semaine), dont 52 sur notre seul réseau. Alors que le premier semestre de l’année vient de s’écouler, ce chiffre est déjà largement dépassé. » Et, contrairem­ent aux idées reçues, ces accidents se produisent, dans la majorité des cas, en pleine journée, sur des sections offrant une bonne visibilité, alors que les dispositif­s de signalisat­ion des véhicules d’interventi­on sont activés, et donc bien visibles (gyrophares, flèches lumineuses sur le toit des fourgons…). Et Dominique Probst, lui, connaît bien les raisons de ces accidents : « L’inattentio­n, le téléphone, les textos. Ou même les chauffeurs routiers qui regardent la télévision en conduisant, ou des livreurs leur bon de commande. Il y a aussi le non-respect des distances de sécurité ». « La vie des hommes en jaune, dont la mission est de veiller à la sécurité de tous sur l’autoroute, ne doit plus être mise en péril par ces comporteme­nts irresponsa­bles au volant ! », s’inquiète le réseau Escota. Qui rappelle le drame survenu en mai 2013 au niveau de Beausoleil, où un patrouille­ur avait perdu la vie. « J’ai envie de dire à ceux qui empruntent l’autoroute, soyez vigilants, levez le pied, et arrêtez le téléphone. Nous sommes exposés, mais nous ne sommes pas les seuls. Parfois derrière le fourgon il y a le client, le dépanneur et même les forces de l’ordre », conclut Dominique Probst. S. G.

 ?? (Photo archives NM) ?? Les patrouille­urs d’Escota sont vulnérable­s dans et hors du fourgon lors des interventi­ons.
(Photo archives NM) Les patrouille­urs d’Escota sont vulnérable­s dans et hors du fourgon lors des interventi­ons.

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