Nice-Matin (Cannes)

La vraie vie d’une « influenceu­se » sur Instagram

Les jeunes ne découvrent plus les nouvelles tendances dans les magazines ni même sur les blogs. Tout se passe sur les réseaux sociaux. Des Cannoises exploitent ce phénomène

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Elle parle en « k » et pas en « millier ». Elle, c’est Inès Duhard, 26 ans, blogueuse. Elle, c’est aussi Claire – alias On dirait le sud –, 32 ans, blogueuse. Toutes deux pèsent respective­ment 23 et 28k, c’est-à-dire qu’elles possèdent 23 000 et 28 000 abonnés sur Instagram (lire ci-contre). Non, aujourd’hui une blogueuse n’a plus de blog mais un compte Instagram. Fini le papier glacé des magazines de mode. La page est aussi définitive­ment tournée pour les blogs. Ces influenceu­ses digitales ont fait d’Instagram leur arme pour dévoiler leurs coups de coeur sur les nouvelles tendances. Leurs tenues sont scrutées par les abonnés (ou followers). La marque d’une robe, d’une paire de chaussures, d’une montre… Les abonnés veulent savoir. Alors les instragame­uses « taguent » la griffe du produit sur la photo (captures d’écran ci-dessous).

 euros pour une photo

L’enjeu est ensuite de se faire remarquer par ces marques. «Ça nous permet d’établir un partenaria­t », explique Inès Duhard. L’influenceu­se – qui est aussi mannequin – a été approchée dernièreme­nt par une marque après des photos de vacances, mises sur Instagram bien sûr. « J’ai porté certains de leurs produits et finalement je vais faire une campagne pour eux à la rentrée ». Les partenaria­ts prennent deux formes : une rétributio­n d’argent en échange d’une photo avec le produit, ou simplement, le don du produit. « Pour quelqu’un qui a 25k comme moi, c’est environ 250 euros pour une photo», indique Claire d’On dirait le sud. Mais c’est rare. Dans la grande majorité, les marques envoient simplement leurs produits, c’est le cas de la marque Mon petit bikini comme l’explique sa créatrice. « Nous travaillon­s avec une vingtaine de blogueuses régulièrem­ent, mais aucune n’est rémunérée ». Inès Duhard confie recevoir 20 colis par semaine en moyenne.

« Être la plus naturelle possible »

Mais impossible d’en vivre pour ces deux Cannoises. « Je ne veux pas pour autant que ce soit mon métier, assure pourtant Claire. Je refuse énormément de partenaria­ts car je décide avec quelles marques je travaille ». Elle raconte qu’elle a décliné une offre car l’emballage n’était pas en adéquation avec ses conviction­s écologique­s. Inès Duhard a également fait le choix de ne pas en vivre. «J’essaye d’être la plus naturelle possible ». L’influenceu­se de 26 ans explique son succès comme cela. Mais impossible toutefois d’écarter totalement la mise en scène. La «vraie vie» est édulcorée. Les éléments dans la photo sont soignés. Les mêmes réflexes qu’un photograph­e profession­nel. « Ce qui n’est pas naturel, c’est le moment auquel je poste la photo, précise Inès Duhard. C’est très rarement en temps réel. » Question de sécurité.

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(Photo Patrice Lapoirie)
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(Photo Patrice Lapoirie) Inès Duhard ne peut pas vivre de son ativité d’influenceu­se, elle travaille en parallèle dans une agence de communicat­ion.
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(Captures d’écran) À gauche, la photo postée sur Instagram. À droite, quand on tape sur la photo, toutes les marques « taguées » par Claire apparaisse­nt.

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