Nice-Matin (Cannes)

Mélenchon et le peuple

- Par CLAUDE WEILL

Il discours meilleurne Mélenchon,faut fleuvede jamaissa forme, prononcépe­rdreun Mélenchonn­ous une dimanche retiendron­soccasion bronzé,à de Marseilleq­ue reposé, s’instruire.dans au parle Du Jura, JeanLuc le poussière.mot « chenil » (prononcer ch’ni) désigne un tas de Le Citation pouvoirs, chenil,: « il c’est s’estLe peuple Emmanuel débarrassé français Macron.de ne ceux lui donta pas il donnéne voulaitles pleinspas (…).M. Hollande.Il a balayé Et le il partia balayéde M. le Sarkozy.FN au deuxièmeIl a balayé tour.le partiEt, à la de fin,lui. il » restait le ‘chenil’, comme on dit dans le Jura, et c’était Sous la blessante, formulatio­non aura plaisante, reconnu polémique,un argumentet délibéréme­ntclé de la rhétorique « résistanci­aliste » qui depuis des semaines et des mois tourne en boucle sur les réseaux « insoumis » : au fond, les Français n’ont pas vraiment voulu élire Macron. Ils l’ont choisi par défaut ou par méprise. Regardez son modeste score du premier tour : son accession à l’Elysée n’est qu’un malentendu, voire le fruit d’une sombre machinatio­n ourdie par les puissances d’argent, l’oligarchie et ordresaux Bref,et les donc ordres).c’est médiasles illégitime, (forcément financière­sont réformesun illégitime­sprésident aux qu’il dont prépareles Françaiset

« Voyez le Venezuela de Nicolas Maduro, l’« ami » de Jean-Luc Mélenchon.»

ne voulaient pas. Résistance ! Loin de nous de vouloir ici nous faire l’avocat d’Emmanuel Macron. Il n’en manque pas, et de plus qualifiés. Ni de contester à Jean-Luc Mélenchon le droit de combattre les projets de l’exécutif. C’est la règle du jeu démocratiq­ue. Ce qui nous semble beaucoup plus problémati­que, et pour tout dire inquiétant, c’est que cette rhétorique de combat, déclinée sous tous les registres jusqu’aux plus outrancier­s (n’a-t-on pas entendu Mélenchon, toujours à Marseille, dénoncer le pouvoir des « tyrans » - sic -, appeler « les gens » à « se rebeller », terme pour le moins ambigu, opposer la « démocratie de la rue » au verdict des urnes, et même oser un odieux parallèle entre le « déferlemen­t » des Marseillai­s qui ont chassé la Wehrmacht en  et le « déferlemen­t » qu’il appelle de ses voeux contre la réforme du Code du travail, qualifiée de « coup d’Etat social » ?), cette rhétorique disions-nous s’attaque au coeur même du pacte démocratiq­ue : le respect du suffrage universel. Elle emprunte à une tradition qui va de Jean-Jacques Rousseau au fameux « élections piège à cons » de mai en passant par le bolchévism­e, et qui prétend placer au-dessus du corps électoral (forcément manipulé) un prétendu « peuple » abstrait, magnifié, mythifié : le vrai peuple. Le tout vissé par l’axiome de base de la pensée insoumise, répété de meeting en meeting, et dimanche encore par Mélenchon à Marseille : « Nous sommes le peuple. » Eh bien non, personne, aucun parti n’est le peuple. Aucun tribun ne peut s’en arroger le monopole. C’est là qu’est l’usurpation. Et la source des pires dérives. Car dire « nous sommes le peuple », c’est poser que ceux qui nous critiquent ou nous combattent ne sont pas des adversaire­s politiques mais des « ennemis du peuple ». Et l’on sait ce qu’il advient des ennemis du peuple dans des régimes fondés sur un tel dogme. Voyez le Venezuela de Nicolas Maduro, l’ « ami » de Jean-Luc Mélenchon.

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