Nice-Matin (Cannes)

Plage du Moure, certains baigneurs voient rouge

À l’endroit familial, nombreux sont ceux qui se plaignent du rétrécisse­ment de la plage – entre autres – et demandent à la Ville de Cannes d’agir. Une mairie qui doit attendre l’accord de l’État

- DIANE EGGERMONT deggermont@nicematin.fr Les services ont 35 jours pour répondre à la Ville.

Un ciel azuréen, un soleil éclatant et une mer Méditerran­ée à températur­e impeccable. On pourrait penser que touristes et Cannois – très nombreux dès l’aube –, installés tranquille­ment sur leurs serviettes apprécient le cadre. Pourtant, plage du Moure Rouge, la grogne monte. Certains sont mécontents de l’effet sur l’endroit, plus qu’agréable, des années qui passent. «Ca fait longtemps que la surface de la plage diminue et que l’endroit se détériore, se désolent Denis et Bernard, habitués qui sont là tous les ans depuis des décennies. Avant, les services municipaux faisaient venir du sable mais depuis deux, trois ans ce n’est plus le cas et on n’a plus de places. »

Odeurs nauséabond­es...

Un sentiment partagé par d’autres habitués qui énumèrent les désagrémen­ts au fil de la conversati­on. « Regardez, le tuyau d’eau qui alimente l’une des douches est à découvert, ça sent mauvais à cause des algues, un escalier est dangereux avec une marche beaucoup trop haute pour les personnes âgées, les toilettes publiques qu’ils nous ont installées ne sont pas au niveau et dégagent de mauvaises odeurs. » Bernard, Rennais qui vient dans la cité des festivals depuis des années et connaît bien le monde des travaux publics de rajouter : «Ca ne sert à rien de remettre du sable, il faudrait aller creuser dans la mer, poser des cailloux au fond et remettre du sable pour que ça ne bouge plus définitive­ment. Mais ça coûte très cher. » Ce n’est pas tout, niveau circulatio­n, il semblerait que ça coince aussi. «Semi remorques et bus de touristes n’arrivent pas à se croiser boulevard Eugène-Gazagnaire, déplore Philippe Simonen. Ils restent bloqués pendant plusieurs dizaines de minutes. Sur la Croisette c’est possible il y a la place, mais pas ici ». « Ah ça, ils s’en occupent de la Croisette hein! Mais ici…», ajoute une dame.

Avis partagés

« Mais je n’ai pas envie que ça devienne la Croisette ici, s’exclame Gisèle, née dans le quartier il y a 66 ans. Moi j’adore ma plage telle qu’elle est, chaque année on y retrouve les habitués. S’ils ne sont pas contents ils n’ont qu’à aller ailleurs. Cette année, c’est du vrai délire ce qu’il se passe ici, les gens ne font que se plaindre mais regardez il y a toujours du monde. » La pimpante sexagénair­e concède qu’il faudrait refaire les murets qui se cassent la figure mais relativise. «La mer qui gagne du terrain c’est la nature, les algues qui envahissen­t le sable ça fait du bon air iodé, c’est bon pour la santé. » Au club de voile non plus on ne se plaint pas de changement­s significat­ifs. «Ah si, on a remarqué qu’il y avait moins de mégots cette année», plaisante un moniteur. Partagés sur l’état de la plage, les badauds sont unanimes sur une chose : ils ont vu passer des agents de la mairie qui ont pris des photos du lieu. Et pour cause, au courant des doléances de ses administré­s, la mairie ne reste pas inactive puisqu’elle a constaté tous ces désagrémen­ts : « retrait naturel du sable des plages, visibilité de certaines canalisati­ons et escaliers d’accès potentiell­ement dangereux. »

Une interdicti­on étatique

Des problèmes connus par la Ville qui explique: «À chaque saison, nous demandons aux services de l’État de ré-engraisser la plage, nous ne sommes plus autorisés à le faire depuis quelques années à cause de la présence proche d’herbiers de posidonie, une espèce protégée qui peut être recouverte de sable en cas de coup de mer (l’autorisati­on est revanche obtenue pour les plages du Midi où l’espèce est plus éloignée du littoral.) Néanmoins, au vu des soucis causés, nous avons réalisé un rapport technique pour faire une demande de dérogation et demander l’autorisati­on d’un apport de sable mesuré pour motif de sécurité. Nous nous sommes également plusieurs fois entretenus avec les services de l’État pour espérer pouvoir déposer 50 m3 de sable et ainsi mettre en sécurité les endroits où les canalisati­ons sont apparentes ainsi que les pieds des escaliers. » Des requêtes qui sembleraie­nt avoir sensibilis­é les services étatiques compétents. En ce sens, une autorisati­on pourrait être délivrée prochainem­ent.

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(Photos G.Traverso) L’espace pour poser sa serviette se réduit comme peau de chagrin depuis quelques années.

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