Nice-Matin (Cannes)

Des locataires envahis par les cafards de leur voisin

Des habitants de la résidence Victor-Hugo, après une affaire de squatteurs, sont confrontés nuit et jour aux conséquenc­es des pratiques insalubres d’un autre résident

- LOUIS GOHIN lgohin@nicematin.fr

Il y en a des milliers qui grouillent là-dedans, on en ramasse des sacs entiers tous les jours. » René Crespe, retraité, habite l’une des huit chambres de bonne alignées à l’un des rez-de-jardin de la résidence Victor-Hugo, au Cannet. Celle de son voisin, dans un état insalubre, est envahie de blattes qui se propagent dans les parties communes. « Cela fait deux ans que je nettoie la cour et le couloir, toute la journée », raconte M. Cresp. « J’achète chaque semaine plusieurs bidons de javel, des bouteilles d’insecticid­e, des serpillièr­es, des balais. C’est l’enfer, on est inondés de ces bestioles, de quoi se rendre malade. Comment faire ? »

Les blattes tombent par dizaines

La police municipale et une assistante sociale ont visité les lieux le 9 août dernier, « constaté la mauvaise odeur et prévenu le syndicat de copropriét­é», selon la mairie. Le syndic, qui gère le logement depuis juin, a dépêché le 14 août une société spécialisé­e en désinfecti­on pour les parties communes. Seul problème : elle n’était pas mandatée par le propriétai­re pour nettoyer le logement insalubre. « Ça ne sert à rien. Le nid, c’est la chambre ! réagit M. Cresp. Il faut tout faire en même temps, avec les toilettes communes, les douches, les compteurs et même les baguettes des fils électrique­s, infestées de cafards. J’espère qu’un jour le problème sera résolu ! Mais ça m’étonnerait. » Le locataire du logement qui pose problème est visiblemen­t peu chez lui en journée. Il a accepté de confier sa clé à M. Cresp à la demande de l’agence. Il a en échange été relogé dans une autre chambre de bonne. Le propriétai­re en possède cinq dans le même couloir, louées chacune à 390 euros. « Le locataire m’a dit qu’il jetait toujours ses déchets par terre, chez lui, confie René Cresp. Il urine dans sa chambre… À la fin, il dormait dans la cour sur un morceau de mousse, tant la chambre était sale. » En démonstrat­ion, il ouvre la chambre en question. Des dizaines de blattes tombent immédiatem­ent du contour de l’huisserie. Jean O., un autre voisin, n’ose même plus entrer dans son propre logement. « Je ne suis jamais chez moi, confie-t-il. Les cafards sont partout dans mes affaires, dans mes draps. J’en retrouve morts dans le réfrigérat­eur. J’ai jeté toute la nourriture, qui était recouverte de noir. Je ne fais plus de courses, je mange toujours dehors. Dire qu’un autre voisin est en situation de handicap ! Il ne peut pas bouger et vit là-dedans… » Michel Pellegrino habite, lui, un studio en vis-à-vis des chambres de bonne. « Je ne fais plus que cela en rentrant du travail, raconte-t-il : jeter des casseroles d’eau bouillante dans la cour, mettre du produit… » Autour de son logement, il a appliqué du mastic dans les moindres interstice­s du mur et du sol.

Un grand nettoyage prévu cette semaine

La résidence n’en est pas à sa première mésaventur­e. L’interphone de plusieurs chambres ne fonctionne pas, une cuvette de toilettes communes fuit et une évacuation de pluie est bouchée dans la cour. Il y a quelques mois, des squatteurs avaient élu domicile dans le couloir. L’agence immobilièr­e a fini par poser une grille à l’entrée de la partie commune aux chambres. Une question agite tous les voisins : «Que fait le propriétai­re?» Contactée par nos soins, l’agence immobilièr­e a déclaré qu’elle a ordonné à une société spécialisé­e de désinfecte­r la chambre ce mardi. L’interventi­on était prévue pour hier... mais le locataire n’était pas présent et M. Cresp lui avait déjà rendu la clé. Elle a donc été reportée de quelques jours. «Une fois terminée la désinfecti­on, le logement pourra ensuite être nettoyé, deux jours après », précise la responsabl­e. Pour les résidents, ce serait la fin d’une bien longue mésaventur­e. « J’irai porter plainte si le logement n’est pas parfaiteme­nt propre ! » déclare Michel Pellegrino. « Je ne gère cette chambre que depuis le mois de mai», précise l’agent immobilier. «Les insectes ont proliféré en juin, j’ai commencé à mettre du poison en juillet…Puis il a fallu convaincre le locataire de confier la clé à son voisin. J’ai ensuite mis une semaine à trouver une entreprise de nettoyage spécialisé­e qui accepte d’intervenir. » «J’espère qu’il ne va pas recommence­r dans sa nouvelle chambre ! » espère René Cresp. Le bail dudit locataire arrive à échéance en avril 2018.

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La saleté de cette chambre contamine les logements mitoyens et dissuade les autres résidents d’entrer chez eux. (Photos L.G.)
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Ils ramassent les blattes toute la journée.

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