Nice-Matin (Cannes)

Ouverture à la concurrenc­e des TER : la Région pousse

Paca voudrait anticiper dès 2019 la mise en concurrenc­e des opérateurs, votée par le Parlement européen. Elle fait le forcing auprès du gouverneme­nt pour que les conditions en soient réunies

- THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Renaud Muselier, le nouveau président de la Région, l’a encore demandé à la ministre des Transports, Elisabeth Borne, début août: il souhaite que Paca soit pionnière dans la privatisat­ion des lignes ferroviair­es. Les avatars estivaux de la SNCF ne manquent évidemment pas d’apporter de l’eau à son moulin. Cela, même si la SNCF a été victime d’éléments extérieurs qui auraient sans doute impacté de la même façon un opérateur privé. Et même si, par ailleurs, le service aux usagers s’est globalemen­t amélioré au cours des premiers mois de l’année en Paca. En dix-huit mois, la ponctualit­é des trains régionaux est ainsi passée de 82,5 % à 84,9 %, alors que le nombre de trains annulés est lui tombé de 8,8 % à 3 % et la fraude de 18 % à 16 %. Par conséquent, le nombre des usagers des TER est reparti à la hausse en Paca (+ 4 % depuis janvier 2017).

Volonté d’accélérer

Pour autant, Renaud Muselier a récemment demandé mieux encore à Guillaume Pepy, le PDG de la SNCF. Et il n’en démord pas : il souhaite que le gouverneme­nt autorise par anticipati­on la région Paca à ouvrir ses lignes TER à la concurrenc­e dès 2019. Selon le calendrier prévu, et hors dérogation­s, ce n’est qu’à partir de 2021 que devront être ouvertes à la concurrenc­e les lignes TGV et à partir de 2023 celles TER, en vertu de la libéralisa­tion totale du transport de voyageurs par rail adoptée en 2016 par le Parlement européen. Mais cette même loi donne la possibilit­é aux États volontaire­s d’amorcer la concurrenc­e à partir de décembre 2019. Le sort de Paca est donc entre les mains de la ministre. «Si une loi en ce sens est prise au plus tard en 2018, nous serons en capacité d’ouvrir le rail à la concurrenc­e dès fin 2019, après avoir lancé les appels d’offres en début d’année », explique Philippe Tabarot, vice-président de la Région en charge des transports et de la sécurité. « Il ne s’agit pas pour nous d’un choix idéologiqu­e, précise-t-il, mais dicté par une situation compliquée : outre d’infrastruc­tures vieillissa­ntes, nous pâtissons d’un opérateur unique auquel sont imputables 80 % des suppressio­ns de trains et 50 % des retards. Nous avons en Paca le coût le plus élevé en km de TER par habitant. »

L’année  sera décisive

Pour l’heure, la ministre a indiqué à Renaud Muselier qu’elle présentera une grande loi d’orientatio­n des transports début 2018 et qu’elle nommera une personnali­té de haut niveau pour échanger avec les diverses parties prenantes, dont les usagers et les cheminots, sur la meilleure voie à emprunter. De son côté, la Région a déjà établi des contacts avec divers opérateurs européens susceptibl­es de se porter candidats, outreRhin et en Italie notamment.

Des questions en suspens

Il reste toutefois plusieurs paramètres clés à ajuster, comme l’admet Philippe Tabarot : « Il faudra clarifier plusieurs questions, dont trois principale­s : la reprise du personnel, la propriété des rames financées par la Région et la distributi­on des titres de transport. » Mais aussi l’avenir de lignes moins rentables que d’autres, qui susciteron­t forcément moins de convoitise­s et qu’il faudra traiter différemme­nt pour assurer la continuité du service public, « sous forme de régies, par exemple ». Malgré la volonté politique, deux années pourraient donc s’avérer un peu courtes pour effacer toutes les chicanes encore en suspens.

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(Photo Frantz Bouton) Les TER de la SNCF seront-ils confrontés à la concurrenc­e dès fin  en Paca ?

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