Nice-Matin (Cannes)

Un flamant rose secouru à Grimaud

- C. D. cdupont@nicematin.fr

Quelle ne fût pas la surprise de Jean-Michel Aubry lundi, à son arrivée à Grimaud Beach, où il travaille pour la saison. Un superbe flamant se trouvait là, dès 7 h du matin, sur le sable, esseulé. L’oiseau est resté toute la matinée, sous les yeux émerveillé­s des usagers, bien conscients néanmoins que l’animal devait être mal en point.

Retour de migration

« Il était assez petit. Il fermait les yeux, il n’avait pas l’air en forme, on s’est dit qu’il était peut-être déshydraté » , raconte Raphaël, originaire de la région parisienne. Toujours en vacances dans le secteur depuis 1988, le professeur d’anglais n’avait jamais pu observer pareille présence sur une plage du golfe. Il a, comme d’autres, dégainé son appareil photo. « On a proposé notre aide, mais deux personnes du restaurant de plage se sont chargées de le capturer. » En fin de matinée en effet, et face à l’inertie de l’oiseau, Jean-Michel Aubry et l’un de ses collègues intervienn­ent. « Je pensais que sa mère allait finir par venir, mais cela n’a pas été le cas. Il semblait fatigué. J’aime beaucoup les animaux, je suis éducateur canin de profession », raconte le plagiste. Capturé, le flamant au plumage blanc et gris s’est laissé faire, et a été transporté à la clinique vétérinair­e des plages de Saint-Tropez, qui l’a pris en charge gratuiteme­nt. En début d’après-midi, le voilà donc entre les mains de Stéphanie Dardi, assistante vétérinair­e : « Nous l’avons examiné, il n’était pas blessé mais fatigué et déshydraté. Je lui ai donné de l’eau, et emmené dès lundi aprèsmidi à la clinique des Palmiers à Hyères, qui travaille avec la Ligue de protection des oiseaux. » Habituée à voir arriver des oiseaux en tous genres, la spécialist­e avait déjà connu un cas de jeune flamant, l’an dernier. « Mais c’est plutôt rare dans le secteur, en tout cas je n’en ai jamais vu sur une plage ! », note-t-elle.

Relâché à Hyères

À la clinique des Palmiers, pas d’affolement pour le jeune adulte flamant. « Il était faible mais en très bonne santé. Nous lui avons donné à boire et à manger. Il a été relâché mardi après-midi sur le site des Salins d’Hyères. » L’oiseau a donc retrouvé ses quelque 800 congénères dans ce réservoir de biodiversi­té. « Nous sommes en pleine période de migration de retour, explique Eric, animateur nature à la LPO. Les

flamants partent au printemps se reproduire, en Camargue, en Espagne, dans les îles méditerran­éennes. Ils ne nichent jamais sur le site des Salins, car ils sont dérangés par le bruit, avec les voitures et les avions. Ils reviennent ensuite avec les petits passer l’hiver ici. » Il est donc probable que notre oiseau grimaudois ait eu un coup de mou en route.

« Il pouvait être malade, ou s’être battu avec un prédateur. » Le spécialist­e salue le geste des personnes présentes sur la plage. « Dans ce cas, tout s’est bien passé. Néanmoins, certains oiseaux peuvent mourir de stress quand on cherche à les capturer. Le mieux est toujours de commencer par appeler la LPO ou l’Office national de la faune sauvage afin de demander conseil. » Et si certains se posent la question... : « le flamant ne

devient vraiment rose qu’à partir de l’âge adulte, vers 4 ou 5 ans ».

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Le flamant est resté sur la plage toute la matinée, sous les yeux étonnés des usagers. Devant son inertie, des employés du restaurant l’ont pris en charge. (Photos DR)

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