Cougourdons : passion gratinée sauce Cairaschi
L’humoriste Richard Cairaschi, expose ses cucurbitacées peintes au musée Masséna à Nice et prépare son festival dédié à la plante potagère du comté, qui aura lieu en novembre, à Berre-les-Alpes
En vieillissant, le cougourdon devient dur à l’extérieur et creux à l’intérieur. C’est en cela qu’il se rapproche de l’homme...» Une saillie verbale sortie tout droit de la gourde à rigolade de Richard Cairaschi. Un mordu, un fan de la cucurbitacée niçoise. Pas du genre à rester planté comme une courge devant les formes oblongues et renflées des plantes potagères emblématiques de Nice, l’artiste azuréen les peint, les sculpte, leur dédie un festival automnal dans la vallée du Paillon. Actuellement, il expose ses petits chefs-d’oeuvre à Nice, au musée Masséna. Des cougourdons joliment et diversement mis en scène. En voici un revisité façon fusée lunaire rouge et blanche de Tintin. Un autre, version Gulliver cerné de Lilliputiens. À côté d’un gros recouvert de guitares multicolores, ou d’autres, débités en tranches espacées de strates en plexiglas. Quand humour rime avec amour... Tout est parti d’une statue bariolée de Niki de Saint Phalle aux formes épanouies, posée sur un poêle. « Elle m’a inspiré. Comme j’avais plein de cougourdons dans mon atelier où je peins, j’écris, je crée, j’ai transformé mon envie cougourdonesque. » Une passion une et indivisible, remplie, assouvie, grâce à un végétal pluriel tellement singulier. «Il n’y en a pas un pareil dans ses formes, sa peau, ses taches. C’est lui qui guide mon travail. » Le cougourdon. Allongé. Ventru. Sensuel. Féminin. Phallique aussi. Se roulant tel une muse dodue dans l’imaginaire multifacette de l’humoriste. Il prépare son ragoûtant raout festif. « Le 5 novembre, à Berre-les-Alpes, j’organise le festival de la cougourde et du cougourdon. Tout est fait en l’honneur de cette cucurbitacée : musique, nourriture... Tout le monde expose. »
Ils en prennent de la graine
Tout le monde, à commencer par les habitants des villages de la vallée du Paillon. « En avril, je réunis ceux qui veulent participer et je leur distribue des graines de cougourdons. Les gens les plantent et attendent de voir ce que ça donne. Ils deviennent acteurs du festival, puisque chaque village présente ses courges. » Mais halte au chauvinisme local, car le cougourdon est un légume mondial : « On en trouve à Taïwan. Au Japon, on se les offre lors des mariages, en Afrique on en fait des instruments de musique. » À Nice aussi d’ailleurs. Jadis, les anciens laissaient sécher les cougourdons au soleil, puis les transformaient en louches, en pétadous. «Moi aussi, j’en fabrique des pétadous et j’en joue sur scène. » À propos de scène, l’enfant de Nice et du comté termine actuellement sa tournée estivale avec son oneman show Il fallait que je vous le dise (lire ci-contre). Des gourdes, des blagues. Un livre également, paru aux éditions Gilletta-Nice-Matin : La blette et le cougourdon. Un régal de bouquin rempli de recettes emblématiques servies à la sauce Cairaschi sur fond de récit gourmand et rigolard, mais pas que. «J’y raconte mon enfance et le manger bon et sain selon les saisons. » Le gratin des souvenirs et des moments de bonheur du potager à la table.