AUTO Tribaudini crève l’écran
Longtemps adepte des simulations de course vidéo, le Niçois Stéphane Tribaudini, 33 ans, réussit cette saison une entrée tonitruante en « mode réel » sur les pistes du championnat de France GT
La vie peut parfois réserver des accélérations aussi ébouriffantes qu’inattendues. Stéphane Tribaudini en sait quelque chose. Il y a une quinzaine de mois, ce trentenaire niçois, dirigeant d’une société d’e-commerce, s’apprêtait à disputer sa toute première course à Barcelone : une manche de la série monotype Lamera Cup. « L’unique objectif, c’était de réaliser un rêve de gosse. Découvrir, apprendre, en prenant un max’ de plaisir, rien de plus », raconte le néophyte loin d’imaginer alors qu’il taquinerait un an plus tard les cadors du championnat de France FFSA-GT, Soheil Ayari, Anthony Beltoise, David Hallyday, Grégory Guilvert et compagnie... Et pourtant! Après avoir longtemps tutoyé la limite sur des écrans vidéo, en mode virtuel, l’ancien ‘‘gamer’’ est bel et bien en train de réussir une impressionnante percée en GT4. Au volant d’une Ginetta G55 couleur orange pressée prise en main à toute vitesse, il a créé une drôle de surprise à Dijon, juste avant le break estival. Troisième manche, première victoire au général, s’il vous plaît ! « Contrairement aux deux étapes précédentes, Nogaro et Pau, négociées avec un coéquipier amateur comme moi, j’avais décidé de rouler en solo lors de cette épreuve afin d’essayer de marquer les esprits », poursuit la révélation de la saison 2017. «Sije peux financer moi-même mes courses d’apprentissage jusqu’à maintenant, la suite va dépendre des partenaires qu’il me faut impérativement séduire pour prolonger ma progression. Donc, compte tenu des chronos très positifs enregistrés d’emblée, je m’étais fixé une cible potentiellement accessible : le top 5. De là à penser battre tous les meilleurs si tôt, non, une telle perspective ne m’avait pas effleuré l’esprit un instant. Après coup, je suis d’ailleurs resté un certain temps sur mon nuage. Cet été, il m’a fallu un bon mois pour réaliser. Et aujourd’hui encore, je me pince en voyant le nombre sans cesse croissant de fans inscrits sur ma page Facebook de pilote ouverte après Dijon : plus de 1000, c’est fou ! »
Une maîtrise de vieux briscard
Déjà très à l’aise lors de la course 1 bourguignonne entièrement disputée sous la pluie (5e), le sociétaire de l’ASA BTP venu de nulle part surprendra un peu plus tout le monde le lendemain en affichant une maîtrise de vieux briscard. « Durant la première moitié de la C2, face aux pilotes pro, je ne me suis pas affolé. Perdre un peu de terrain, c’était logique. Plutôt que de tenter de résister à tout prix, mieux valait s’appliquer à ne pas trop dégrader les pneus. Ensuite, après le pit stop, hormis les deux rétros égarés en cours de chemin et un problème de transmission radio, l’auto se comportait très bien. De quoi entreprendre une super remontée depuis la 8e place jusqu’à dépasser le pilote amateur menant la danse à une petite dizaine de minutes du damier. Le scénario parfait, quoi ! » Auteur d’une entrée tonitruante sur la scène hexagonale, à 33 ans, Stéphane Tribaudini pourrait regretter de ne pas avoir démarré très jeune. « Gamin, je faisais de la descente VTT en compétition et un peu de motocross en loisir. Le karting, ça coûtait beaucoup trop cher. Et puis j’ai découvert les simulations de course sur PC, surtout i-Racing. Un coup de foudre ! À partir de 17-18 ans, pendant la période des études, j’ai tracé ma route comme ça. Voilà, ma réussite professionnelle m’a permis de faire le grand saut l’an dernier. Dès mes débuts en Lamera Cup, j’arrivais à enchaîner les tours rapides régulièrement, sans commettre d’erreur. Pour tout dire, la transition s’est opérée naturellement. En piste, si la prise de risque est réelle, bien sûr, le pilotage me semble moins complexe. Tout simplement parce que la voiture transmet beaucoup d’informations, via le volant, le bassin... Dans un jeu vidéo, il faut réagir tout le temps. Là, on peut anticiper. »
Après la victoire, le titre ?
Le week-end prochain, quand sonnera l’heure de la rentrée du côté de Magny-Cours, l’épatant débutant de l’écurie gardoise Modern & Classic Racing sera attendu au tournant de la confirmation, il le sait. En embuscade à seulement 9 points des leaders de la catégorie amateur, celuici a forcément le titre dans sa ligne de mire. « Lors des trois dernières échéances, je partagerai à nouveau le volant avec un coéquipier AM. Il y a une belle carte à jouer, sûr et certain, même si la Ginetta va souffrir face aux Porsche Cayman sur les tracés rapides se profilant droit devant, à cause de son petit déficit en vitesse de pointe. » Puisque l’appétit vient en gagnant, nul doute qu’il va encore crever l’écran cet automne. En particulier lors d’une finale à domicile qui pourrait s’avérer décisive, les 14 et 15 octobre du côté du circuit Paul-Ricard...