Nice-Matin (Cannes)

Grasse: un an avec sursis pour un accident qui aurait pu être évité

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

C’était une voiture épave. Et pourtant, un jeune de 18 ans s’est retrouvé au volant, après l’avoir rachetée auprès d’un profession­nel. Alors qu’il conduisait, une sortie de route a rendu sa passagère, son ex-petite amie de 15 ans, paraplégiq­ue. C’était le 10 janvier 2015 sur la commune des Mujouls au nord de Grasse. Elle s’est présentée hier en fauteuil roulant devant le tribunal correction­nel de Grasse présidé par Marc Joando. Les deux jeunes gens se déchirent en justice. Ceintures de sécurité coupées, pneus hors gabarit, traces de corrosion partout, sièges non homologués, dispositif hydrauliqu­e de freinage additionne­l interdit sur route : on peine à croire que ce Toyota BJ 40 Land Cruiser de 35 ans d’âge ait pu être mis entre les mains du jeune conducteur.

Des lacunes dans le dossier

Ce fut pourtant le cas. Qui a opéré ces modificati­ons ? Le procès n’a pas permis hier de lever le voile sur cet élément pourtant central. Le centre de contrôle technique assure qu’elles n’y étaient pas quand il a contrôlé le véhicule un mois avant l’accident. Le conducteur prétend l’inverse. Qui a raison ? Il fut assez consternan­t à l’audience de constater les lacunes du dossier. Fait très exceptionn­el, le procureur de la République, Valérie Tallone, s’est tournée vers la jeune femme en fauteuil pour présenter les excuses de la justice. Un moment d’une grande gravité : « Je suis en admiration; vous avez pris la parole au micro, vous avez fait preuve d’une grande dignité. Vous êtes restée fière et en accord avec vous-même. Le parquet de Grasse n’est pas irréprocha­ble dans ce dossier, loin s’en faut. Les enjeux humains auraient dû nous inciter à plus de rigueur, le parquet vous doit une forme d’excuse dans la manière dont on a pu traiter ce dossier. Nous ne sommes pas infaillibl­es. Hier, en préparant ce dossier, je ne me suis pas sentie bien. » Le centre de contrôle technique et son salarié, pourtant licencié sur le champ par son entreprise après le début de l’enquête, ont été relaxés. Le conducteur, qui a affirmé que son capot s’était ouvert, provoquant la sortie de route, a été condamné à un an avec sursis, annulation du permis de conduire avec interdicti­on de le repasser pendant cinq ans et 3 000 euros d’amende. Rien qui ne rendra, hélas, la validité à sa jeune passagère, son ex-compagne, qui a abordé ce procès avec une remarquabl­e maturité.

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Le Toyota BJ  Land Cruiser accidenté. Le fait que les deux jeunes gens n’aient pas eu de ceinture leur a peut-être sauvé la vie : ils seraient vraisembla­blement morts écrasés. (DR)

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