Nice-Matin (Cannes)

Le château de Crémat en panne de liquidités à Nice

Ce vignoble niçois d’exception est au bord de la faillite. Malgré une récolte prometteus­e, le domaine, placé en liquidatio­n judiciaire en juin, devrait changer de mains avant la fin de l’année

- LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Dans les vignes à flanc de colline, les grains de raisin semblent des billes d’ambre sous le soleil de plomb. Le temps des vendanges est imminent. Des vendanges au goût amer au château de Crémat : le domaine boit la tasse. Jusqu’à la lie. Ce vignoble d’exception, un des fleurons de la prestigieu­se AOC de Bellet, est au bord de la faillite et son propriétai­re ruiné. Après une procédure de sauvegarde infructueu­se, la société civile d’exploitati­on agricole (SCEA) Château de Crémat, qui emploie sept personnes, a été placée en liquidatio­n judiciaire avec poursuite d’activité le 19 juin par le tribunal de grande instance de Grasse.

 millions d’investisse­ments

L’histoire avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices. En 2000, Cornelis Kamerbeek, un riche Néerlandai­s, qui a fait fortune dans les assurances aux Pays-Bas, achète le Château. Passionné de vin, tombé sous le charme de Bellet, ce petit coin de terre aride qui enfante un nectar comme on produit un miracle, il devient le sixième propriétai­re de ce domaine de plus 26 hectares. Pour redonner son lustre et sa notoriété au lieu, Cornelis Kamerbeek ne lésine pas sur les moyens : il investit près de 25 millions en quinze ans. Nouvelle cave ultramoder­ne, laboratoir­e, restaurati­on du bâtiment construit au début du XXe siècle, restaurati­on des galeries romaines, aménagemen­t du parc et de jardins à la française où sont exposées des oeuvres d’art : le Néerlandai­s fait de Crémat un petit bijou. Côté vignoble, il prend le tournant de l’agricultur­e durable, abandonne pesticides et herbicides. C’est plus exigeant mais ça paie : il obtient une médaille d’Or à Paris pour le rouge 2001. Côté prestige, il développe l’événementi­el : mariages haut de gamme, dégustatio­ns pour touristes chinois fortunés, etc.

Plusieurs offres de reprise

Pourtant, malgré tous ses efforts, Cornelis Kamerbeek ne parvient pas à faire du domaine une affaire rentable. Pire, les dettes s’accumulent. Aux Pays-Bas, la banque ING Bank, à laquelle il doit 7 millions, s’impatiente… À l’été 2015, le château de Crémat est dans le rouge. Le 7 août, une procédure de sauvegarde est lancée. Las, dix-huit mois plus tard, le couperet de la liquidatio­n judiciaire tombe. Cornelis Kamerbeek a fait appel mais il semble avoir peu de chance d’inverser le cours des choses : le domaine devrait lui échapper d’ici à la fin de l’année. Plusieurs candidats à l’achat sont sur les rangs. Leurs offres de reprises sont sur le bureau de Me Xavier Huertas, l’administra­teur judiciaire désigné sur ce dossier. Il ne dévoilera pas les noms des potentiels repreneurs, mais il assure : « Tout est mis oeuvre pour que le château de Crémat reste un vignoble, pour la sauvegarde de l’emploi et pour qu’on puisse obtenir le meilleur prix de ce magnifique domaine, qui fait partie de notre patrimoine et qui est un des rares vignobles urbains au monde ». Le tribunal tranchera dans les mois à venir.

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Le château de Crémat, un des fleurons de la prestigieu­se AOC de Bellet, avait été racheté en  par Cornelis Kamerbeek, un Néerlandai­s fortuné venu s’installer sur la Côte d’Azur. En quinze ans, il a investi près de  millions d’euros sur le domaine...

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