Les spermatozoïdes sous haute protection À la une
Des chercheurs marseillais précisent les mécanismes qui protègent les spermatozoïdes d’une attaque immunitaire. Nouvelle piste contre l’infertilité
Se taire. Les regarder. Les écouter. Erwan et Diego racontent. Le premier utilise les mots, le second s’exprime avec son violon. Pour dire l’indicible. La souffrance liée aux maux de l’esprit en proie aux troubles bipolaires. C’est osé. C’est triste et c’est joyeux. C’est vrai. Cette vérité impudique qui peut choquer la bien-pensance, rompue à l’exercice de l’évitement. Les troubles psychiques n’autorisent pas la fuite. Ils colonisent les pensées, infiltrent les raisonnements, imposent leur langue singulière. « Venez vous asseoir dans ma tête le temps d’un spectacle », nous invite Erwan. On applaudit le courage, et puis, on écoute ce que les mots et les notes nous confient sans fausse pudeur. Et on est ému à en pleurer. Erwan et Diego. Une rencontre, un cadeau de rentrée que nous vous faisons partager.
Le nombre de spermatozoïdes s’est effondré en moins de 20 ans ; pendant ce temps, l’infertilité masculine n’a fait que progresser. Et les moyens à disposition pour la traiter sont aujourd’hui limités à la PMA (Procréation médicalement assistée). Grâce aux travaux d’une équipe de chercheurs marseillais, c’est une nouvelle piste thérapeutique qui pourrait se dessiner. Ces études ont en effet permis de caractériser certaines cellules immunitaires (nommées macrophages), potentiellement impliquées dans la protection de la fertilité. Une découverte présentée dans une excellente revue internationale et qui devrait permettre d’avancer dans la compréhension de certains cas d’infertilité chez les hommes et à terme de développer de nouveaux traitements.
Barrière protectrice
« La relation entre le testicule et le système immunitaire est tout à fait singulière, résume le Dr Michael Sieweke, qui a dirigé ces recherches au sein du Centre d’immunologie de Marseille-Luminy (CNRS/Inserm/Aix Marseille Université). Les macrophages présents au niveau des testicules jouent le rôle de gardiens de la fertilité. En émettant des molécules spécifiques, ces cellules empêchent d’autres acteurs du système immunitaire de pénétrer dans les testicules et de détruire les spermatozoïdes qu’ils pourraient considérer comme étrangers à l’organisme («non soi »). » Cette étude menée chez le rongeur a permis de mettre en évidence l’émergence de deux types de macrophages. Outre ceux intervenant dès la puberté à proximité du site de production de sperme, existe une autre population, présente dès la naissance, et qui constitue une niche protectrice pour d’autres cellules, productrices elles, de testostérone (hormones mâles). « On retrouve aussi ces deux populations de macrophages chez l’homme », précise le chercheur.
Moduler l’activité des macrophages
Si l’existence de ce type de cellules au niveau des testicules était connue, on ne savait jusque-là rien de précis sur elles. Leur caractérisation récente par l’équipe marseillaise permet désormais de les envisager comme des cibles potentielles. « À présent que nous disposons d’outils capables d’inhiber ou au contraire de stimuler la fonction de ces macrophages, et d’agir ainsi sur la production de testostérone et/ou la spermatogénèse (processus de production des spermatozoïdes, Ndlr), on peut envisager les effets de ces modulations sur la fertilité.» Une voie de traitement de l’infertilité masculine jamais envisagée à ce jour.