« On a laissé la place aux anti-vaccins ! » Interview
L’extension de l’obligation vaccinale prévue dès janvier 2018 continue de provoquer de violents remous. Pour le Dr Haas, elle est devenue, dans le contexte, incontournable
Face à la perte de terrain de la couverture vaccinale en France, la nouvelle ministre de la santé, Agnès Buzyn, a décidé d’employer les grands moyens : dès le er janvier prochain, ce ne sont plus trois mais onze vaccins qui seront obligatoires pour la petite enfance. En plus de la diphtérie, du tétanos et de la poliomyélite (DTP), les parents devront également faire vacciner leurs bambins de moins de deux ans contre la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, le méningocoque C, le pneumocoque et l’haemophilus influenzae B (à l’origine de pneumopathies et de méningites). Le Dr Hervé Haas , chef de service urgences pédiatriques infectiologie (hôpitaux de Nice-CHU Lenval) affiche son soutien à cette décision.
Alors que le vent de contestation ne faiblit pas, vous évoquez une tempête dans un verre d’eau, concernant cette obligation vaccinale.
Oui, dans la mesure où les vaccins concernés sont déjà proposés et depuis longtemps. Et % des parents adhèrent en vaccinant leur nourrisson contre la diphtérie, le tétanos
et la poliomyélite (DTP), la coqueluche ou encore la méningite à haemophilus.
Le vaccin contre l’hépatite B est inclus. Et là, les opposants sont beaucoup plus nombreux, évoquant les risques associés.
On est le dernier pays au monde à avoir en tête que le vaccin contre l’hépatite B est associé à la sclérose en plaques, alors qu’il a été largement démontré que ce n’est pas le cas!
Est-il néanmoins utile de le rendre obligatoire chez les nourrissons, alors que ces derniers ne présentent pas de risque de contamination, la transmission se faisant par voie sexuelle et/ou sanguine.
Beaucoup d’adultes sont porteurs, sans le savoir, de l’hépatite B, et peuvent dès lors le transmettre par voie intrafamiliale. Par ailleurs, le principe, lorsque l’on vaccine, c’est de protéger le plus longtemps possible. Or, il a été prouvé que la vaccination du nourrisson représente le meilleur schéma vaccinal, le plus efficace à long terme. Entre l’âge de et ans, l’immunité est aussi très performante, mais on est confronté à une difficulté: l’adolescence est la période où l’on se soigne le moins. Qui voit les ados? Ce ne sont plus les pédiatres et ce ne sont pas les généralistes non plus.
Êtes-vous favorable au caractère «obligatoire»?
Oui, pendant un certain temps au moins. A terme, on se rendra ainsi compte que la vaccination ne s’accompagne pas d’effets secondaires particuliers, qu’elle n’est pas dangereuse, et qu’elle aura permis d’éradiquer des maladies infectieuses potentiellement graves, comme la rougeole. Cette dernière est aujourd’hui en recrudescence, parce que justement on a laissé la place aux anti-vaccins.
Il reste que l’obligation vaccinale est peu répandue à travers le monde.
C’est vrai, mais ça doit être nuancé. Prenons l’exemple des États-Unis. La vaccination n’y est pas obligatoire; mais si on veut inscrire son enfant à l’école, ou à la crèche, il faut qu’il soit vacciné contre tous les vaccins que l’on a en France, auxquels il faut rajouter la varicelle.
Vous trouvez celà cohérent?
Oui, c’est logique. Il ne s’agit pas qu’un parent se dise «je fais tout pour protéger mon enfant, je le mets en collectivité, et parce que des parents font un autre choix, mon enfant se retrouve exposé. »