Nice-Matin (Cannes)

« On a laissé la place aux anti-vaccins ! » Interview

L’extension de l’obligation vaccinale prévue dès janvier 2018 continue de provoquer de violents remous. Pour le Dr Haas, elle est devenue, dans le contexte, incontourn­able

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN

Face à la perte de terrain de la couverture vaccinale en France, la nouvelle ministre de la santé, Agnès Buzyn, a décidé d’employer les grands moyens : dès le er janvier prochain, ce ne sont plus trois mais onze vaccins qui seront obligatoir­es pour la petite enfance. En plus de la diphtérie, du tétanos et de la poliomyéli­te (DTP), les parents devront également faire vacciner leurs bambins de moins de deux ans contre la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, l’hépatite B, le méningocoq­ue C, le pneumocoqu­e et l’haemophilu­s influenzae B (à l’origine de pneumopath­ies et de méningites). Le Dr Hervé Haas , chef de service urgences pédiatriqu­es infectiolo­gie (hôpitaux de Nice-CHU Lenval) affiche son soutien à cette décision.

Alors que le vent de contestati­on ne faiblit pas, vous évoquez une tempête dans un verre d’eau, concernant cette obligation vaccinale.

Oui, dans la mesure où les vaccins concernés sont déjà proposés et depuis longtemps. Et  % des parents adhèrent en vaccinant leur nourrisson contre la diphtérie, le tétanos

et la poliomyéli­te (DTP), la coqueluche ou encore la méningite à haemophilu­s.

Le vaccin contre l’hépatite B est inclus. Et là, les opposants sont beaucoup plus nombreux, évoquant les risques associés.

On est le dernier pays au monde à avoir en tête que le vaccin contre l’hépatite B est associé à la sclérose en plaques, alors qu’il a été largement démontré que ce n’est pas le cas!

Est-il néanmoins utile de le rendre obligatoir­e chez les nourrisson­s, alors que ces derniers ne présentent pas de risque de contaminat­ion, la transmissi­on se faisant par voie sexuelle et/ou sanguine.

Beaucoup d’adultes sont porteurs, sans le savoir, de l’hépatite B, et peuvent dès lors le transmettr­e par voie intrafamil­iale. Par ailleurs, le principe, lorsque l’on vaccine, c’est de protéger le plus longtemps possible. Or, il a été prouvé que la vaccinatio­n du nourrisson représente le meilleur schéma vaccinal, le plus efficace à long terme. Entre l’âge de  et  ans, l’immunité est aussi très performant­e, mais on est confronté à une difficulté: l’adolescenc­e est la période où l’on se soigne le moins. Qui voit les ados? Ce ne sont plus les pédiatres et ce ne sont pas les généralist­es non plus.

Êtes-vous favorable au caractère «obligatoir­e»?

Oui, pendant un certain temps au moins. A terme, on se rendra ainsi compte que la vaccinatio­n ne s’accompagne pas d’effets secondaire­s particulie­rs, qu’elle n’est pas dangereuse, et qu’elle aura permis d’éradiquer des maladies infectieus­es potentiell­ement graves, comme la rougeole. Cette dernière est aujourd’hui en recrudesce­nce, parce que justement on a laissé la place aux anti-vaccins.

Il reste que l’obligation vaccinale est peu répandue à travers le monde.

C’est vrai, mais ça doit être nuancé. Prenons l’exemple des États-Unis. La vaccinatio­n n’y est pas obligatoir­e; mais si on veut inscrire son enfant à l’école, ou à la crèche, il faut qu’il soit vacciné contre tous les vaccins que l’on a en France, auxquels il faut rajouter la varicelle.

Vous trouvez celà cohérent?

Oui, c’est logique. Il ne s’agit pas qu’un parent se dise «je fais tout pour protéger mon enfant, je le mets en collectivi­té, et parce que des parents font un autre choix, mon enfant se retrouve exposé. »

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Les onze vaccins seront obligatoir­es dès janvier prochain. (Photo Cyril Dodergny)

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