Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL « A l’époque, c’était calmos » Au coup d’envoi

Roger Jouve, le milieu de légende du Gym, évoque le derby et plein d’autres souvenirs...

- FRANÇOIS PATURLE

En ce moment, légèrement touché au genou, il a posé une petite parenthèse sur les longues parties de foot-volley disputées entre amis sur le sable de Juan-les-Pins. Mais la passion coule toujours aussi fort dans les veines de Roger Jouve, l’inoubliabl­e milieu de terrain des grandes seventies du Gym. Avant le derby, il s’est confié à nous.

Vous auriez aimé jouer à l’Allianz ?

Énormément. C’est la première pensée qui m’est venue lorsque nous avons été invités avec les anciens pour l’inaugurati­on. J’aurais bien aimé y jouer du temps de la grosse équipe. C’est un vrai stade de foot, magnifique. Les joueurs doivent se sentir poussés.

Jouve, Huck et Guillou, c’est le milieu que les anciens n’oublieront jamais, semble-t-il..

Au début, il y avait Leif Eriksson. Quand je suis arrivé à Nice (), j’ai même joué sur le côté avec Piantoni en . Au départ je jouais plutôt devant. J’adorais dribbler. Je revois encore Pancho Gonzalez me crier sur le banc : ‘’Lâche ton ballon, donne-le, donnele’’. Finalement, je me suis retouvé à jouer plutôt en  ou même en . Il fallait bien mettre quelqu’un et comme j’étais le plus agressif des ... Jean-Noël (Huck) ne l’était pas du tout, Jean-Marc (Guillou) non plus, Leif n’en parlons pas. Avec le recul, je me dis que si j’avais pu rester à mon poste naturel, dans un autre club, j’aurais peut-être fait une autre carrière. Mais bon, je ne regrette pas.

 ans à Nice : si vous deviez élire le plus fort de tous vos équipiers ?

Jean-Marc (Guillou). (e Techniquem­ent, c’était un phénomène. En match, tu pouvais t’en apercevoir, dans des situations, mais à l’entraîneme­nt, tu voyais des trucs hallucinan­ts. Il était capable de dribbler quatre joueurs sur m et les mecs n’arrivaient pas à toucher le ballon. Il portégeait la balle avec son corps, ses jambes, ses bras...

« Toujours apprécié le petit Koziello »

Guillou était parti à la Coupe du monde , mais pas vous...

J’aurais bien aimé. C’est un manque dans ma carrière. J’étais dans les , mais pas avec les . Sur le coup, ce fut un peu dur à encaisser, mais à vrai dire, je m’y attendais un peu, au vu des sélections précédente­s. Vous êtes trois fois vicechampi­on de France avec Nice et champion avec Strasbourg l’année où vous partez (). Les supporters niçois ne vous en ont pas trop voulu ? Non, au contraire. C’est presque unique de rester  ans dans un club. Cela veut dire que tu aimes ton club, ta ville, les gens. J’avais des propositio­ns pour partir, mais je suis resté. A chaque fois, on avait une belle équipe, je me disais c’est bon, allez, c’est la bonne année, on va être champion. Et donc à chaque fois je re-signais, et je suis resté ainsi  ans. Et puis, quand on perd la finale de la Coupe de France à Paris (), j’avais  ans, je me suis dit, c’est la dernière chance de voir autre chose. Je suis alors champion avec le Strasbourg de Gress, qui montait de D, et je découvre l’Alsace, un terre de football incroyable.

A votre époque, un derby Nice-Monaco, quel parfum ça avait ?

On savait qu’on allait rencontrer une équipe qui jouait très bien au foot, mais qu’au niveau de l’ambiance, ce serait calmos. Monaco ne drainait pas beaucoup de supporters. Quand je suis arrivé à Nice, j’étais en adoration pour un joueur de Monaco, Lucien Cossou. Il était Marseillai­s, comme moi. Et puis après, on a eu la période des Onnis, Dalger, Petit, Courbis Noguès, Pastoriza... Nous allions rarement gagner chez eux, et eux venaient rarement nous battre.

Votre joueur préféré à Nice, aujourd’hui ?

J’ai toujours apprécié le petit Koziello, et Seri, aussi. J’aimais beaucoup Dalbert et Ricardo, qui seront durs à remplacer. Cette saison dernière, elle fut époustoufl­ante. J’aime bien aussi l’avant-centre, Plea, même si on l’oublie parfois. Il se donne à fond, il ne rechigne pas. Parfois, il est un peu maladroit à la conclusion, mais les supporters le soutiennen­t, c’est une bonne chose. On voit qu’il se donne à fond, on ne peut pas lui reprocher de ne pas se battre. J’aurais aimé jouer avec lui. J’apprécie aussi Dante, son style, sa patte gauche, il est facile, et j’ai l’impression que c’est un bon gars, cool, positif. Je ne l’ai jamais vu engueuler un partenaire. Il est suspendu, on va donc voir Marlon.

Et à Monaco ? Invité par l’OGC Nice à donner le coup d’envoi, Roger Jouve donne rendez-vous à tous les supporters au Café des Aiglons dès h pour une séquence dédicaces et souvenirs. Il recevra ensuite sur la pelouse le « Trophée de l’ancien Aiglon ».

Lemar est très très bon. Il va très vite, il sait tout faire. Ce n’est pas un gros gabarit, mais il impose son style, sa classe. Il m’a même surpris pour son er match en équipe de France, avec son er but en Bleu, cette frappe... Cela me rappelle un peu mon premier match en équipe de France. J’avais ouvert le score à Paris contre la Grèce (le  septembre ). Je marque d’un p… de tir de m du pied droit. Je crois que je n’ai plus jamais remis un but comme ça ! Crochet pied gauche, à la sortie je frappe, lucarne. Un copain me l’a remontré, on trouve la vidéo facilement sur internet. Au commentair­e, c’est Drucker et Thierry Roland ! Mon père, qui n’avait jamais pris l’avion, était monté avec ma mère pour le match, et aussi ma soeur, mes oncles… Un de mes plus beaux souvenirs.

« Le miracle de  »

Vous avez aussi disputé le premier USA - France de l’histoire, le  mai  ?

Celui-là, je n’aurais pas dû le jouer, mais Henri Michel était tombé malade. On m’avait appelé au dernier moment. C’était à NewYork (Giants Stadium), la pemière fois que l’on voyait un synthétiqu­e ! Il y avait Pelé dans le couloir des vestiaires. Il jouait au Cosmos. On avait gagné facile (-) mais le plus fantastiqu­e fut le vol retour, en Concorde. Il fallait chausser des pantoufles en rentrant ! Et après, tu te sentais comme dans une fusée. La montée, droit, le passage à Mach , c’était géant. h, j’aurais voulu que ça dure plus. J’ai gardé en souvenir la carte du menu à bord : champagne, foie gras ou tournedos rossini... Ça m’a fait quelque chose quand ils ont arrêté d’exploiter cet avion.

Votre match le plus fou avec le Gym ?

Le - contre Barcelone au Ray ( //, en /e de finale de la Coupe de l’UEFA). On ne s’y attendait pas. On n’était pas bien, on venait de perdre - matches en championna­t. Et puis Van Dijk marque, on prend confiance, et Marco Molitor double la mise. On avait fait un super match, à l’image de Charly (Loubet). Il y avait Cruyff dans les tribunes, il venait de signer mais n’était pas encore qualifié… Au retour, toujours sans Cruyff, le Nou Camp était plein et on avait perdu que -. Un miracle. On avait été dominés comme jamais. Le dernier quart d’heure, on n’est pas sortis de nos m. C’était la tempête, un ouragan ! On avait la chance avec nous, les poteaux aussi. Dans l’euphorie, on avait échangé nos maillots avec les joueurs du Barça. Résutat, Jean Snella, qui veillait sur tous les équipement­s, nous avait tous pourris au retour des vestiaires ! C’est le seul maillot que j’ai gardé, le numéro , celui de Rexach.

Un pronostic pour aujourd’hui ?

Un nul serait un bon résultat. Il ne faudrait pas qu’on perde (Nice). Pour ne pas se retrouver dans une mauvaise passe.

 ?? (Photo SH) ?? Roger Jouve, son coeur est rouge et noir. Le foot-volley, l’autre passion de Roger Jouve. Il remporta la ère édition du tournoi d’Antibes en  avec son ami Michel Platini. (Photo DR)
(Photo SH) Roger Jouve, son coeur est rouge et noir. Le foot-volley, l’autre passion de Roger Jouve. Il remporta la ère édition du tournoi d’Antibes en  avec son ami Michel Platini. (Photo DR)

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