Nice-Matin (Cannes)

UPE  : « Ces ordonnance­s sont une excellente nouvelle »

- PROPOS RECUEILLIS PAR GRÉGORY LECLERC

Le Niçois Philippe Renaudi, 54 ans, est président de l’Union pour l’entreprise (UPE) des AlpesMarit­imes, qui représente plus de 8 500 entreprise­s. Ce patron de PME dirige la société Renaudi Holding, à Cagnes-sur-Mer.

Comprenez-vous ceux qui manifesten­t demain ?

Non. Pour moi qui suis un entreprene­ur de PME, ces mesures prises sous forme d’ordonnance­s sont une excellente nouvelle. La meilleure preuve, c’est que nombre de syndicats ne descendron­t pas dans la rue. Celui qui hurle, c’est toujours le même. Il mène des combats d’arrière-garde, non pas contre des entreprise­s du CAC , mais contre des TPE et PME, des boulangers, des entreprene­urs du bâtiment qui bossent le week-end pour faire leurs factures, qui ne se versent parfois pas de salaire pour payer leurs salariés. C’est très mal venu.

Qu’est-ce qui vous séduit dans cette réforme ?

De manière générale depuis quinze ans, droite et gauche confondues, on a pris cent pages de plus par an sur le code du travail, soit  pages. On a fait de l’hyper protection du salarié au détriment des PME, des commerçant­s, des artisans. Le résultat est là : six millions de chômeurs. Je pense que cette réforme rassure les patrons des petites et moyennes entreprise­s.

En quoi ?

Prenez les vices de forme sur les licencieme­nts. Un petit patron avec quatre ou cinq salariés n’est pas un spécialist­e de la procédure. S’il manque une virgule dans la forme, alors que sur le fond il a raison, il est condamné. Résultat des courses, il doit payer des sommes astronomiq­ues ce qui met en péril son entreprise et les autres salariés.

Les négociatio­ns dans les entreprise­s, une avancée ?

Tout à fait. Avant il fallait impérative­ment passer par un syndicat pour mettre en place une négociatio­n dans une société de moins de vingt salariés. Il sera désormais possible de négocier avec son élu référent, son délégué du personnel, et mettre en place certaines choses dans l’entreprise.

Une des critiques entendues est que cette réforme favorise le patronat...

C’est totalement absurde. À entendre cet argument, c’est comme si on parlait d’entreprise­s du CAC . Il se trouve qu’en France,  % des entreprise­s comptent moins de  salariés. Dans les Alpes-Maritimes ce ne sont quasiment que des TPE et des PME. Quand les syndicats nous rabâchent le patronat, le patronat, ils parlent du CAC , mais parlons plutôt du petit entreprene­ur.

Le MEDEF avait beaucoup promis pour le pacte de responsabi­lité, notamment en matière d’embauche, avec le résultat que l’on sait ...

L’économie est en phase de décollage, on a mis les gaz. Depuis quatre mois que Macron a été élu, les petites entreprise­s ont pris une certaine confiance et se sont lancées. La croissance repart, les voyants sont au vert, notamment dans l’hôtellerie­restaurati­on. C’est le cas dans notre départemen­t. Cette loi ne nous coupe pas les gaz et les ailes. Il reste maintenant à décoller totalement.

Vous attendez d’autres mesures ?

Les seuils sociaux n’ont pas été touchés. Quand vous passez la barre des  salariés vous vous retrouvez avec des contrainte­s qui font peur aux entreprene­urs. Par ailleurs le gouverneme­nt parle de supprimer le CICE au profit d’une baisse des charges. Il est malin, il supprime mais ce n’est pas compensé totalement. Enfin la baisse des charges envisagée est un vrai sujet qu’il faut mener au bout. Tout le monde a bien compris qu’il faudra les baisser en France, car nous ne sommes pas compétitif­s.

 ?? Philippe Renaudi, président de l’Union pour l’entreprise (UPE) pour les Alpes-Maritimes. (Photo DR) ??
Philippe Renaudi, président de l’Union pour l’entreprise (UPE) pour les Alpes-Maritimes. (Photo DR)

Newspapers in French

Newspapers from France