Le pari réussi de la CGT contre la loi Travail
Ils étaient plusieurs milliers à manifester, hier à Nice, contre la loi Travail. Et ils n’avaient visiblement pas oublié le terme d’Emmanuel Macron, se le réappropriant avec ironie
La CGT a réussi son pari hier dans les rues de Nice. Avant que ne débute la manifestation, et en l’absence des autres syndicats, elle apparaissait, en effet, relativement isolée en cette rentrée sociale. Au top départ, un long cortège s’est pourtant étiré sur l’avenue Jean-Médecin. Entre 2000 personnes selon la direction départementale de la sécurité publique et 5 000 selon les organisateurs. Solidaires, la FSU, étaient, entre autres, également du cortège, ainsi que la France Insoumise ou le syndicat étudiant « Solidaires étudiant-e-s Nice». Du haut de Jean-Médecin à la place Massena, l’avenue était noire de monde. Dans le cortège, le terme « fainéant », employé par le président de la République, Emmanuel Macron, s’est taillé la part du lion. « Vous êtes des fainéants », hurle le speaker CGT. « On n’est pas des fainéants », répond le cortège sur-le-champ. Sur des pancartes, on pouvait lire « Guichetier-fainéant », « technicien-fainéant » ou encore : « Monsieur le président, les fainéants vous saluent ».
Délégations venues de tout le département
« C’est une mobilisation de haut niveau pour la rentrée sociale. Elle est supérieure à ce qu’on voit habituellement, cela veut dire qu’il y a une attente et une exaspération des salariés », commentait hier, avec satisfaction, Gérard Ré, secrétaire départemental de la CGT. Dans le cortège, on retrouvait essentiellement le service public. La Poste, les hospitaliers, les cheminots, les enseignants, les travailleurs sociaux des Alpes-Maritimes, etc. Avec des délégations venues de tout le département. « La mobilisation d’aujourd’hui est une première réponse », estimait hier David Nakache, président de l’association « Tous citoyens ! » « Nous constatons la mise en retrait du pouvoir législatif. On avait la loi El Khomri avec le 49-3, aujourd’hui ce sont les ordonnances, et à chaque fois c’est la séparation des pouvoirs en France qui est mise à mal. Emmanuel Macron a adopté la matrice idéologique du libéralisme, qui est une vision de l’homme, des rapports humains, du marche-ou-crève, et qu’il applique aveuglément. » Le cortège, parti à 11 heures précisément de la gare SNCF Thiers à Nice, est arrivé peu avant 13 heures place Garibaldi : son terminus. Gérard Ré voit dans cette manifestation la promesse d’une mobilisation future. « La date du 21 est déjà déposée, nous allons réfléchir aux modalités d’action, mais il est clair qu’au vu du succès du jour, cela ne va pas s’arrêter. »