La vie étudiante priorité du nouveau président
Semaine de rentrée sur les campus de l’université Nice Sophia Antipolis. Son nouveau président, Emmanuel Tric, veut poursuivre les réformes menées par Frédérique Vidal, promue ministre
Lors de sa nomination au ministère de l’Enseignement supérieur en mai, Frédérique Vidal se présentait dans nos colonnes comme « un pur produit de l’université de Nice ». Emmanuel Tric, lui, se définit comme « un pur produit du système universitaire ». Ce géophysicien de 53 ans, qui a succédé à Frédérique Vidal fin juin, vit sa première rentrée à la tête de l’université Nice Sophia Antipolis, dont il était jusqu’alors vice-président. Un challenge de taille pour ce chercheur originaire de Paris, qui a rejoint l’université azuréenne en 1999. Souriant, direct, Emmanuel Tric se montre aussi à l’aise pour évoquer les arcanes universitaires que les conditions de vie étudiantes. En cette semaine de rentrée sur les campus azuréens, il évoque pour Nice-Matin une institution en pleine mutation.
Combien d’étudiants attendezvous à l’université cette année ?
Toutes disciplines confondues, entre et . Les inscriptions restent ouvertes jusqu’au septembre et, pour la première fois, sont entièrement dématérialisées. Frédérique Vidal avait expérimenté ce dispositif l’an dernier. A ce stade, on constate une hausse des inscriptions de % : c’est loin d’être négligeable !
Quelles tendances constatezvous par filières ?
Nous n’échappons pas aux grandes tendances nationales. Nous sommes déjà en surcapacité en médecine ( %), Staps ( %), droit ( %), éco-gestion et IAE ( %). Des filières sous tension alors que d’autres, telles que les filières scientifiques, sont en décroissance... L’université a encore cette image de choix par défaut. Mais c’est en train de changer. Cette année, nous avons reçu candidatures en admission post-bac, dont qui plaçaient l’université en premier voeu. Et cette part augmente...
Avez-vous dû recourir au tirage au sort pour la filière Staps, comme d’autres universités ?
Nous n’avons fait aucun tirage au sort. Que ce soit Frédérique Vidal ou moi, nous y sommes opposés ! A cette heure, candidats sont en attente en Staps, dont l’ont placé en premier voeu ; pour ceuxci, nous devrions parvenir à une solution. Mais cela passe par un échange avec les étudiants.
C’est-à-dire ?
Souvent, ils croient qu’ils ne vont faire que du sport alors qu’il y a aussi de la bio, de la physique, de la mécanique... Ainsi, certaines filières très demandées subissent énormément d’abandons, faute d’information suffisante. Il faut que l’étudiant aille la chercher !
Vos plans d’action s’inscrivent dans les pas de Frédérique Vidal ?
Je m’inscris complètement dans la continuité de son action. Nous devons changer nos habitudes pédagogiques. Nous devons augmenter la part du numérique, réduire le temps en amphi et y favoriser l’échange. Souvent, les étudiants sont trop passifs ; il faut les rendre actifs. L’étudiant doit être maître de son cursus, et l’enseignant le guider dans une thématique qu’il a choisie, dans laquelle il veut s’investir.
Comment comptez-vous agir en faveur de la vie universitaire ?
J’ai demandé à Sylvie Raisin, viceprésident du conseil de la formation et de la vie universitaire (CFVU) et Nicolas Rodi, viceprésident étudiant, d’accélérer. L’objectif est de créer du réseau entre associations, de développer la vie sur les campus... Nous sommes ainsi en train de créer des espaces de co-working. Certaines bibliothèques universitaires ouvrent désormais jusqu’à minuit. Autant on veut s’appuyer sur le numérique, autant il faut inciter les étudiants à travailler en groupe au lieu de s’isoler.
Le label Idex décroché par l’université Côte d’Azur en induit une manne financière. Ses effets se font-ils déjà sentir ?
L’objectif est de devenir une université intensive de recherche. Cette manne d’argent doit permettre d’accompagner des projets transdisciplinaires, et d’attirer des chercheurs de renom à Nice. Des projets originaux se sont déjà convertis en projets européens, comme l’étude des comportements humains face aux risques. Ce label représente millions d’euros sur quatre ans grâce aux intérêts, millions si on transforme l’essai à son issue ; c’est un gros challenge !