Drame d’Entrevaux : le conducteur présumé placé en détention
Ni radicalisation religieuse, ni volonté préméditée de créer la panique. C’est un simple conflit de voisinage, et surtout une ivresse prononcée, qui a conduit un homme à faire exploser des pétards en pleine nuit, vendredi à Nice, mettant en émoi le quartier du Parc-Impérial et la police. Voilà ce qui ressort du procès de ce trentenaire, jugé lundi soir par le tribunal correctionnel de Nice. À 3 h 20 du matin, Mohamed, 37 ans, a lancé ces pétards de carnaval dans la cour intérieure de son immeuble, au 11 rue PaulArène. À ses dires, il voulait « faire plus de bruit » qu’un voisin de l’étage inférieur accusé d’en faire trop. Mohamed a aussi reconnu avoir bu « énormément de vodka », lui qui souffre d’alcoolisme chronique.
mois ferme requis
Il nie, en revanche, avoir dit «Allahu akbar », mots improprement utilisés lors des attaques terroristes. Si plusieurs voisins les ont distinctement entendus cette nuit-là, ils ont été prononcés, précisent-ils, en mode « ’j’m’en foutiste », « sans conviction » .Me Nadir Icherqaouine, l’avocat de Mohamed, pense que cette expression a bien été prononcée. Mais pas par son client, et encore moins avec une quelconque connotation djihadiste. Le ministère public insiste pourtant sur le caractère « particulièrement sensible » de tels faits « dans la période que nous vivons et dans la ville de Nice ». Soulignant le « choc émotionnel extrêmement important » vécu par les riverains – ces derniers ont cru à des coups de feu et dû évacuer l’immeuble –, le parquet requiert dix-huit mois de prison.
« L’alcool, la pire maladie au monde »
Condamné à plusieurs reprises par le passé, Mohamed comparaît pour apologie du terrorisme, violences sans ITT avec préméditation et vol d’un trousseau de clés. Mais l’image renvoyée par le prévenu à son procès, sous les yeux inquiets de son père, est celle d’un homme en souffrance, accro à l’alcool mais nullement en proie à une dérive radicale. « Le plus grave, dans la vie de Mohamed, c’est l’alcool. C’est la pire maladie qui existe au monde ! », résume un voisin à l’audience. Il aurait pu porter plainte pour un larcin, il vole au contraire au secours de Mohamed. « Tout s’explique par l’alcool et ce mal de vivre qu’il a en lui. Vous savez, aujourd’hui, c’est pas facile d’être un Maghrébin dans la rue... » Me Icherqaouine obtient gain de cause. Au terme d’une instruction menée avec tact et précision par la présidente Laurie Duca, le tribunal relaxe Mohamed pour la plupart des faits, et le condamne pour « violences volontaires sans ITT ». En conséquence, il le sanctionne d’une simple amende de quatrième classe, d’un montant de 200 euros. Nader Bouchaala, un Tunisien de 20 ans vivant en Italie, a été arrêté avant-hier par une patrouille de la police aux frontières (PAF) à Cannes-la Bocca. Il était accompagné de deux Algériens en situation irrégulière. Si ses compagnons de voyage ont été placés en rétention administrative, lui est allé hier soir pour deux ans en prison. La peine a été prononcée par le tribunal correctionnel présidé par Marc Joando lors de l’audience des comparutions immédiates. La sanction correspond aux réquisitions du procureur Yoan Hibon. Les policiers ont trouvé sur Bouchaala un pistolet automatique et un marteau brise vitre. Signalé par les autorités italiennes Un mois après, l’enquête sur l’effroyable drame d’Entrevaux vient de franchir une nouvelle étape. Dans la nuit du 12 au 13 août, un accident de voiture sur la RD 4202, direction PugetThéniers, avait coûté la vie à Lucas, 15 ans et demi. Eddy, 21 ans, originaire tout comme lui de Touët-surVar, avait succombé à ses blessures trois jours plus tard. Seul le troisième occupant, âgé de 19 ans, a survécu. Or celui-ci vient d’être placé en détention provisoire. Le procureur de Digne-les-Bains, Stéphane Kellenberger, a confirmé hier soir à Nice-Matin que le jeune Touëtan avait été incarcéré, mis en examen des chefs d’« homicides involontaires aggravés (alcool, stupéfiants) par conducteur ». « Il demeure présumé innocent et n’est évidemment pas jugé, prend soin de préciser le procureur. Il n’existe en l’état que des indices graves et/ou concordants, correspondant à la mise en examen, dont il a d’ailleurs fait appel. » C’est donc désormais un juge d’instruction qui dirige les investigations, menées par les gendarmes de la brigade de recherches de Castellane. L’enquête est aussi ouverte contre X pour « violences volontaires sans ITT », insiste Stéphane Kellenberger. Afin de lever toutes les zones d’ombre de cette douloureuse affaire. C. C.