Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Le sourire défensif

A la peine, comme tous ses coéquipier­s, contre Nice, le Brésilien Jemerson n’a pas souhaité dramatiser et compte sur la scène européenne pour relancer la machine monégasque

- A LEIPZIG, M. FAURE

On l’a quitté en lambeaux sur la pelouse de l’Allianz Riviera. Humilié par le jeune Ganago sur le quatrième but niçois. Comme un air de déjàvu puisqu’un an auparavant, dans un naufrage collectif monégasque de même ampleur (4-0), Jemerson s’était noyé dans l’enceinte du Gym. Ce soir, le Brésilien n’aura pas le droit de récidiver. Il le sait mais ne dramatise pas. Pour preuve, « Blackenbau­er » n’en a pas perdu son sourire. Sa marque de fabrique. Il n’est pas comme ça même s’il joue gros. « On n’a pas été bons contre Nice, c’est tout. Il faut oublier ce match et penser à Leipzig. Cela ne sert à rien de ressasser notre derby, c’est passé », déclare le Brésilien dans les travées de la Red Bull Arena. Une deuxième sortie de route de suite serait catastroph­ique pour l’image du club mais aussi pour la confiance des champions de France. Mais l’ASM a souvent bien débuté ses parcours en C1 sous Jardim, l’emportant à chaque fois lors de la première journée (1-0 contre le Bayer Leverkusen en 2014, 2-1 à Wembley contre Tottenham l’an dernier). La pression sur les épaules de l’ASM ? Pas vraiment. Enfin, pas dans le regard de son numéro 5. A 25 ans, l’internatio­nal brésilien (1 sélection) est plutôt du genre tranquille. En d’autres termes, il en faut beaucoup pour le faire chanceler, lui qui a débuté son aventure monégasque dans le froid de Sochaux en Coupe de la Ligue en position de latéral droit. Des débuts poussifs. Mais c’est la marque de fabrique du stoppeur. Après tout, il lui a bien fallu quatre tests pour se faire accepter d’un club profession­nel (refoulé par le Vasco De Gama, Santos et Palmeiras). Puis quatre années pour s’imposer à l’Atlético Mineiro et glaner un titre de révélation de l’année. Alors il n’était pas à un semestre près en arrivant sur le Rocher, au coeur de l’hiver 2016. Six mois pour comprendre où il avait mis les pieds avant de définitive­ment lancer sa carrière européenne l’été dernier.

Objectif Russie 

Au final, son raté niçois ne doit pas occulter son très bon début de saison où il a déjà trouvé le chemin des filets à deux reprises en Ligue 1 tout en étant rappelé par le sélectionn­eur brésilien Tite en équipe nationale lors du dernier rassemblem­ent à la suite de la blessure de Miranda. D’ailleurs, lors du voyage retour pour regagner l’Europe, il était dans le même jet privé que les Parisiens Neymar, Daniel Alves, Marquinhos et Thiago Silva. Sur le Rocher, les compatriot­es sont, certes, moins célèbres mais la petite colonie auriverde a de la gueule (Fabinho, Jorge, Boschilia, Rony Lopes, bien que Portugais, est né au Brésil). Cela aide à l’intégratio­n. Comme le climat. Au-delà d’un bon parcours européen, Jemerson – comme Fabinho – a une idée derrière la tête pour 2018, être dans les 23 Brésiliens qui iront au Mondial russe. Et ça commence par des gros matches de C1. Là où les meilleurs s’expriment. L’an dernier, il avait été l’une des révélation­s du parcours européen sans être vraiment dans la lumière. Moins buteur que Kamil Glik, il a trouvé en la personne du Polonais un binôme parfait. Glik stoppe tout et Jemerson relance. Des deux pieds. Le duo fonctionne à merveille même si face à Nice, les deux hommes se sont ratés. Ça arrive. Ce soir, face aux courses des attaquants allemands, il va sans doute avoir du boulot et ne voudra pas passer une deuxième fois de suite à côté de son sujet. Certains pourraient douter. Pas lui. En tout cas, pas de quoi lui faire perdre son sourire légendaire. Jemerson aime la vie et cette dernière le lui rend bien.

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