La boss des maths
De Marc Webb (USA). Avec Chris Evans, Mckenna Grace, Lindsay Duncan. Durée : h . Genre : comédie dramatique. Notre avis : ★★★ Après le suicide de sa soeur, mathématicienne de génie, Franck (Chris Evans) a obtenu la garde de sa petitenièce Mary (Mckenna Grace) qui témoigne du même don précoce que sa mère pour les mathématiques. Il voudrait lui éviter les tourments qui ont provoqué la mort de sa maman, en l’élevant comme une enfant tout à fait «normale». Mais sa grand-mère (Lindsay Duncan) n’est pas de cet avis et veut la placer dans un institut pour enfants surdoués. La garde et l’avenir de la petite fille vont se jouer devant le tribunal… Après deux Amazing Spiderman, Marc Webb que l’on avait découvert avec l’excellente comédie romantique (500) jours ensemble revient à une forme de cinéma plus modeste, qui lui va bien. Il en profite quand même pour débaucher de l’écurie Marvel, Chris Evans (alias Captain America), très bien dans le rôle du tonton protecteur. Mais la révélation Téchiné recevait pourtant un hommage pour l’ensemble de sa riche carrière, Nos années folles est l’adaptation d’une bande dessinée de Chloé Cruchaudet, Mauvais genre, elle-même basée sur le livre de deux historiens, Fabrice Virgili et Daniele Voldman, La Garçonne et l’assassin. Téchiné a donc logiquement choisi la mise en abyme pour raconter, à son tour, cette histoire vraie. Il se sert pour cela d’un narrateur (l’indispensable Michel Fau), maître de cérémonie du cabaret, où Suzanne/Paul se produit. Couplé à une reconstitution d’époque ambitieuse, ce dispositif à la Lola Montès alourdit la narration et empêche les deux acteurs principaux d’exprimer toute l’ambiguïté, pas seulement sexuelle, que nécessitaient les rôles. Pierre Deladonchamps est, pour une fois, plus dans la démonstration que dans l’intériorité, et le personnage de Céline Sallette manque singulièrement de nuances. D’où un sentiment de déception prédominant, alors que l’histoire recelait un potentiel extraordinaire. On se prend à rêver à ce qu’aurait pu en tirer un Bertrand Bonello. PH. D. du film est la petite McKenna Grace, qui incarne Mary avec presque autant de génie que son personnage en a pour les mathématiques. «On a dû voir quelque chose comme mille deux cents enfants pour le rôle, mais quand Grace a fait son essai on savait que c’était elle, raconte le réalisateur. À la fin de la scène qu’on lui a donnée à jouer, Chris Evans avait les larmes aux yeux. » Certes, le scénario ne fait pas toujours dans la dentelle et n’hésite pas à faire vibrer les cordes mélodramatiques. Mais Marc Webb sait éviter d’en faire trop et son film ne sombre jamais dans la sensiblerie. À Deauville, où il était en compétition, Mary a fait fondre les festivaliers qui lui ont décerné le Prix du public. De bon augure pour sa sortie en salles.