Les associations cherchent des bénévoles
Les structures caritatives qui luttent au quotidien contre la précarité sont confrontées à une autre crise… celle des vocations. Elles ont de plus en plus de mal à recruter des bénévoles pour assurer leurs missions
Alors que l’hiver approche à grands pas, les associations caritatives du département multiplient, depuis quelques jours, les appels à l’aide. Elles ont de plus en plus de mal à recruter des bénévoles. Cette crise des vocations ne cesse de s’accentuer d’année en année, au point de mettre aujourd’hui en péril le fonctionnement de ces structures à but non lucratif qui luttent au quotidien contre la misère. Une précarité qui, elle, ne fait que s’accentuer. Ainsi, les Restos du coeur, qui ont distribué l’an passé 1270000 repas dans le département, voient chaque année leur activité « augmenter de 6 à 10 % ». « Et la distribution de nourriture est loin d’être notre seule mission, souligne Joël Meynent, le responsable départemental des Restos. Elle représente à peu près 30 % de ce que nous faisons…»
Seniors plus actifs et moins disponibles
Avec la crise économique que traverse la France depuis près d’une décennie, le recours à la solidarité n’a fait que croître. Mais, cela ne suffit pas pour autant à expliquer la pénurie de maind’oeuvre à laquelle elles doivent faire face depuis quelques années. « Nos listes de bénévoles sont essentiellement constituées de retraités, tout simplement parce que ce sont eux qui ont le plus de temps libre, explique Marilyne Trabucatti, la directrice du Secours populaire 06. Mais avec le temps qui passe, certains disparaissent ou sont trop fatigués pour continuer, d’autres se lassent tout simplement, et il est de plus en plus compliqué d’assurer la relève aujourd’hui. » «C’est un phénomène national, constate Louis Mazza, le président de la banque alimentaire 06 qui est en contact avec ses 83 homologues à travers le pays. Même s’il est peut-être un peu accentué ici, sur la Côte d’Azur, parce que beaucoup de retraités viennent d’autres régions de France. » Et s’ils migrent au soleil à l’heure de la retraite ce n’est pas pour rien. C’est avant tout pour profiter des loisirs et des activités que leur offre la région. « Or, nos seniors sont de plus en plus actifs, rappelle Joël Meynent, et ils comptent bien en profiter. Ils vont au ski l’hiver, partent en voyage… Et ont donc moins de temps libre à nous consacrer. » D’autant, qu’ils sont aussi de plus en plus accaparés par une autre forme de solidarité, intrafamiliale celle-là. «On s’en rend bien compte en période de vacances scolaires, note Marilyne Trabucatti, où c’est particulièrement difficile pour nous, associations, de mobiliser des bénévoles parce que, souvent, ils sont occupés à garder les petits enfants. »
Une certaine « lassitude »
S’ajoute à ces évolutions sociétales une forme de lassitude aussi. « Ilyadeplusen plus de turnover dans nos équipes, constate Louis Mazza. Car il faut avouer que le bénévolat peut avoir parfois un côté un peu ingrat: on donne sans retour et certains se lassent. » Ainsi, au Secours populaire tous ceux qui font acte de candidature « veulent généralement être sur le terrain, parce que c’est plus valorisant. Mais c’est plus compliqué de trouver des volontaires pour les taches administratives », reconnaît sa directrice départementale. Elles sont pourtant indispensables au bon fonctionnement de ces associations qui, aujourd’hui, vivent sur le fil et s’inquiètent à l’approche des grandes campagnes d’hiver. Les Restos du coeur s’apprêtent à lancer la leur. Pour mener à bien la mission que lui a confiée Coluche, cette association peut compter sur 650 bénévoles azuréens. « Mais là où ils offraient avant deux à trois matinées de leur temps par semaine, ils ne viennent plus qu’une ou deux, constate son président départemental pour qui le calcul est vite fait, même s’il est bien difficile à résoudre: « Il nous en faudrait donc deux fois plus! » Le constat est à peu près le même dans toutes les associations caritatives du département qui, plus que jamais, ont besoin de nous!