Charles-Ange Ginésy plébiscité à la présidence
Le fils de Charles Ginésy a ouvert un nouveau chapitre de la saga politique familiale en devenant hier président du Département. La majorité de droite a voté pour lui comme un seul homme
Charles-Ange Ginésy a sans doute bien mieux dormi cette nuit que la précédente. Il avait beau être le seul candidat à la succession d’Eric Ciotti, adoubé par la majorité départementale, il n’était pas totalement tranquille. Les bisbilles actuelles au sein des Républicains lui faisaient craindre un coup de Trafalgar de dernière minute. On en a vu d’autres, il est vrai. Et il n’avait pas tout à fait tort, puisqu’un groupe dissident d’une quinzaine d’élus « estrosistes » est en gestation. Clairement dirigé, s’il voit le jour, non contre CharlesAnge Ginésy mais contre Eric Ciotti qui, pour avoir quitté la présidence du Département, conserve la double tutelle du groupe de la majorité et de la commission des finances. Hier matin cependant, Charles-Ange Ginésy a été élu dans un fauteuil. Tout suspense a été levé dès que Lauriano Azinheirinha a annoncé que les élus proches du maire de Nice voteraient Ginésy. Ce fut donc un plébiscite quasi soviétique, sur fond d’unité d’affichage, Christian Estrosi ayant pris place en tribune « invités ».
Carton plein
Sur les cinquante conseillers départementaux de la majorité LR-UDI, quarante-neuf ont voté pour Charles-Ange Ginésy. La voix manquante ? Un bulletin invalidé pour être sorti de son enveloppe ! Du côté des quatre élus de gauche, Francis Tujague et Valérie Tomasini ont voté blanc, Marie-Louise Gourdon et Jean-Raymond Vinciguerra ne prenant pas part au scrutin. Homme de dialogue par tempérament, Charles-Ange Ginésy fuit autant que possible le conflit. Sitôt élu, il n’a pas manqué de donner des gages de rassemblement, en rendant hommage à trois de ses prédécesseurs, Jacques Médecin, Christian Estrosi, Eric Ciotti. Et s’il s’est montré laudatif envers ce dernier – « un grand président qui marquera l’histoire du Département » –, il a aussi remercié Christian Estrosi de sa présence, « témoignage de notre long parcours commun ». Ses toutes premières pensées sont toutefois allées à sa mère Georgette et à ses filles, présentes hier matin. Et, bien évidemment, à son père Charles, décédé fin 2012, qui fut sénateur des Alpes-Maritimes de 1988 à 2008, maire de Péone de 1959 à 2001, conseiller général de 1961 à 2003, président du Département enfin de 1990 à 2003, le bâtiment des archives portant aujourd’hui son nom. « J’ai grandi dans l’amour de cette terre. Mon ascension a été guidée par l’intérêt collectif et cette élection est pour moi un bâton de maréchal », a-t-il avoué, sa longue carcasse traversée par une émotion perceptible.
Consensuel
Sur le fond, le nouveau président a confirmé qu’il poursuivra la politique de rigueur budgétaire et de maîtrise de la fiscalité, sans renoncer ni aux investissements ni à l’accompagnement des collectivités. « Ma priorité sera de créer de la richesse et des emplois, en m’appuyant sur deux piliers, le numérique et le développement durable. » Charles-Ange Ginésy a dans sa manche un atout pour démarrer son mandat : ce profil « humain » qui, dixit Jean-Raymond Vinciguerra, «en fait un président capable de bâtir des consensus ». Marie-Louise Gourdon (PS) comme Francis Tujague (PC) ont exprimé, à l’unisson, leur certitude de pouvoir travailler avec lui dans le sens de l’intérêt général, sans renier pour autant leurs idées. Eric Ciotti a lui salué «un homme de fidélité à sa terre, à ceux qu’il aime et à ses valeurs » et insisté (s’adressant visiblement à un autre…) sur « la nécessité de respecter les convictions sur lesquelles nous avons été élus ». À l’entame de sa présidence, Ginésy junior n’a finalement qu’un souci à gérer : le combat des chefs Estrosi-Ciotti, dont il se retrouve l’otage.