« Ces îles ont un riche passé antique »
Directeur du musée d’Archéologie d’Antibes, Eric Delaval souligne le caractère exceptionnel des vestiges helléniques et romains retrouvés sur l’île Sainte-Marguerite dans les années 80
Initiée durant le Festival 2015, la candidature de Cannes au patrimoine mondial de l’UNESCO, recentrée depuis peu sur les îles de Lérins, est un processus long et complexe. Chaque samedi de l’été, vous avez retrouvé une interview décryptant le rôle et le point de vue d’’un acteur du projet. Aujourd’hui, pour le dernier épisode de ce feuilleton culturel, c’est Eric Delaval, directeur du Musée d’Archéologie d’Antibes et membre du comité scientifique, qui décrypte les différentes découvertes archéologiques sur l’île SainteMarguerite.
Grâce à l’archéologie, on conserve la trace de la vie lointaine sur Ste-Marguerite ?
Avec ce qu’on a retrouvé, on a la preuve d’une occupation qui a duré mille ans depuis les indigènes jusqu’à l’époque romaine. On a des textes d’auteurs antiques comme Strabon et Pline l’Ancien qui mentionnent ces deux îles comme abritant un sanctuaire aux deux divinités Léro et Lérina.
A-t-on retrouvé des vestiges de ce sanctuaire ?
On a eu la confirmation de son existence à la découverte du couvercle d’une boîte en ivoire dans des fouilles de Georges Vindry dans les années à , à l’emplacement du Fort Royal. Mais l’archéologie n’a pas pu renseigner sur l’emplacement de ce sanctuaire qui reste un mystère. On a aussi retrouvé des peintures murales exceptionnelles, avec des décors de dauphin notamment, conservées au Musée de la Mer.
Qu’a révélé d’autre la fouille de Georges Vindey ?
La présence d’un village indigène avec des murs en terre nue, des ruelles datant du er et e siècle avant JC.
Y a-t-il aussi des vestiges de
l’époque romaine ?
Oui, on a retrouvé un ensemble monumental de cette époque (er à e siècle après JC) : galeries enterrées, murs, peintures...Il pourrait s’agir d’une villa maritime d’un personnage important ou d’un édifice public. Ces vestiges sont exposés au er étage du Musée de la Mer avec reconstitution d’une salle thermale. C’est comme un puzzle. Les pièces qu’on a montre qu’on a de l’exceptionnel.
Assez exceptionnel pour l’UNESCO ?
Joker ! Il y a de gros atouts. L’archéologie renforce la candidature. Car ces îles ont un riche passé antique. Et cela n’a rien de banal.
Y a-t-il encore des zones à explorer sur l’île ?
Oui. Mais il n’y a plus eu de fouille depuis la fin des années . Des données des précédentes fouilles mériteraient d’être réétudiées et publiées.
De nouvelles fouilles pourraient-elles être envisagées ?
Cette décision incombe à la Ville et à la DRAC. Il y a un vrai potentiel qui pourrait être valorisé avec un nouveau programme de recherche.
Motivant, cette candidature ?
Cela ouvre à d’autres disciplines. À terme, notre souci est de préserver, étudier mais surtout montrer au public.