David Lisnard fait sa rentrée

Le maire a effectué sa rentrée politique avec la volonté de présenter « une alternative raisonnable » à la politique Macron, en pronant une éthique d’action appliquée localement

Mitterrand avait sa roche de Solutré, Laurent Wauquiez a son Mont-Mezec, David Lisnard… sa butte Saint-Cassien ! À chacun sa « montagne » à gravir (à porter ?), et ses propres envolées au sommet. Cheveux ras, teint bronzé, en veste et jean mais sans cravate, le maire est monté sur l’estrade, comme remonté sur un ring ! Sur l’indémodable musique d’Amicalement vôtre, écho-teasing au premier Festival Cannes-Séries qui se déroulera du 4 au 11 avril prochain. Mais la longue diatribe (1h30) du premier rôle (du dimanche) n’a pas été uniquement amicale. Sauf à l’encontre des nombreux supporters de l’association Nouvelle Energie qui participaient au pique-nique politique. Comme on croque une tomate cerise à l’apéro, «DL » a d’abord balancé une petite pique à Emmanuel Macron : « Durant l’été, en termes de popularité, on est plutôt passé de Jupiter à Pluton ! »

Façon House of cards (cynisme en moins, force des convictions en plus), celui qui resta fidèle à François Fillon durant la Présidentielle tape aussi au sein de son propre camp. « Même s’il est favori, qu’il est jeune et a plein de talent, j’aurais du mal à voter (pour la Présidence de LR) pour quelqu’un qui n’a pas été réglo à la Présidentielle. Ce n’est pas politiquement correct de le dire, mais tant pis, je le dis quand même…». Laurent Wauquiez, si tu l’entends…

Ni Macron ni Mélenchon

Même si Edouard Philippe est

« l’un des rares amis politiques avec lequel je [il] déjeune souvent», l’édile cannois, boxeur amateur dont le punching-ball trône toujours dans son bureau à l’hôtel de ville, décoche ses principaux uppercuts au gouvernement : «Le redressement de la France se fera avec les citoyens et élus locaux, pas avec une caste enfermée dans un château qui considère que les autres sont des fainéants ». Ainsi qu’à ses principaux opposants, d’extrême droite comme d’extrême gauche : « L’opposition, ça ne doit pas être le “Bobolchévisme” de Mélenchon. Et notre démocratie mérite mieux qu’une anesthésie désincarnée adepte d’un mondialisme béat, ou qu’une vision archaïque fossilisée de la France ». Et David Lisnard de dénoncer les premiers épisodes du règne Macron, même s’il applaudit les ordonnances sur la loi travail. La réforme de la taxe d’habitation ? «Une ineptie, du racolage électoral, un cadeau avec l’argent des autres. » Le projet de loi sur la sécurité porté par Gérard Collomb ? «Il

n’y a rien sur les communes; qu’on nous donne la liberté locale d’agir sous la responsabilité d’un juge ! » Rentrée aux allures de bataille « politicienne ». Mais rentrée politique, au sens noble du terme. « La politique, c’est transcender les différences pour parvenir à un but commun. Il faut toujours rechercher l’intérêt général. Quand on se donne cet idéal, on n’a rien à craindre. »

Agir au présent... et futur

Sa série à lui, le maire de Cannes la scénarise en dix saisons. Engagement de mandat guidé par trois fondements et leurs corollaires : action (fiabilité), conviction (fidélité) et imagination (créativité). Et de citer les promesses déjà tenues (rénovation du Suquet, BoccaCabana, stabilité fiscale et désendettement)... et celles à venir : la mise en place d’un forfait journalier à 1,50 € pour la navette du Suquet ; un foyer-logement à la place des ateliers municipaux et un jardin public après destruction d’un îlot insalubre à Vallergues-Petit Juas, la rénovation du centre de La Bocca : « Un projet ambitieux et esthétique sur

80 000 m2 », avec le multiplexe cinéma et le campus universitaire –

« Le permis de construire est signé !

» – une concertation pour la rénovation du Bd Gazagnaire en 2018, ou un audit pour modifier le prix des parkings et rendre encore plus attractif le centre-ville et ses commerces. Misant sur les véhicules électriques et les nouvelles technologies « qui ne sont

pas une fin en soi », « DL » use aussi de son « devoir de perspective » pour « construire le Cannes de l’avenir ».

Série futuriste intitulée Politiquement vôtre. Premier épisode hier, sur la butte St-Cassien.