Nice-Matin (Cannes)

La policière Sandra Bertin relaxée sur sa bonne foi « La vérité rétablie »

La policière municipale de Nice vient d’être relaxée à la suite de la plainte qu’avait déposée contre elle, pour diffamatio­n, l’ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve

- ALP

L’une des polémiques née au lendemain de l’attentat du 14 juillet sur la promenade des Anglais vient de trouver un épilogue judiciaire. « Sandra Bertin a été relaxée », annonce son avocat Me Adrien Verrier. Cette policière municipale niçoise était poursuivie en diffamatio­n par l’ancien ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, devant le tribunal correction­nel de Paris. Elle affirmait avoir été « harcelée » par « le cabinet du ministre » au lendemain de l’attentat pour qu’elle rédige en urgence un compte rendu des images de vidéosurve­illance. Son interlocut­eur était en fait une responsabl­e de la direction centrale de la police. Dans les attendus de son jugement, rendu hier, la 17e chambre du tribunal correction­nel de Paris a d’ailleurs souligné que les propos tenus par Sandra Bertin à l’encontre du ministre de l’Intérieur « étaient dans leur ensemble diffamatoi­res ». Pour autant les magistrats ont décidé de ne pas entrer en voie de condamnati­on.

« Je vais suggérer à mon client de faire appel »

Conforméme­nt aux réquisitio­ns du parquet lors de l’audience du 7 juillet dernier, la policière niçoise a bénéficié d’une relaxe accordée au nom de la « bonne foi » évidente. Le tribunal a tenu à restituer les propos de la responsabl­e du centre de supervisio­n urbain dans leur contexte, au lendemain d’un attentat auquel elle avait assisté par écran interposé et alors qu’une polémique venait d’éclater « entre le maire de Nice, dont elle est proche, et le ministre de l’Intérieur ». Mais les magistrats ont surtout privilégié « l’extrême fatigue physique et nerveuse de la policière ». « On lui a demandé de regarder à nouveau la vidéo du drame, alors que la police nationale avait les moyens de le faire sans lui infliger cela (...). La multiplici­té des appels de la fonctionna­ire du ministère de l’intérieur, la demande d’envoyer un nouveau rapport a constitué pour Mme Bertin un sentiment de défiance. En toute bonne foi, elle a pu interpréte­r de manière erronée la demande de la police nationale. Alors qu’il n’y a, à l’évidence, aucun lien entre les demandes de M. Cazeneuve et les déductions et exploitati­ons qui en ont été faites. » Affaire classée? Pas sûr. L’avocat de Bernard Cazeneuve, Me Ader, s’est étonné de ce « délit de diffamatio­n avéré et reconnu par le tribunal et de la relaxe qui en découle. Je vais suggérer à mon client de faire appel ». Dans un communiqué, Christian Estrosi s’est « réjoui de cette décision ». « Dès les premières heures de cette polémique, nous avons rejeté les accusation­s scandaleus­es du ministre de l’Intérieur de l’époque, d’instrument­alisation à des fins politiques de ces événements. La seule instrument­alisation que nous avons tous constatée a été celle d’un ministre de l’État, utilisant sa fonction sur un plateau télévisé pour attaquer Mme Sandra Bertin », assure le maire de Nice qui déplore que la responsabl­e du CSU en poste au moment de l’attentat « n’a fait l’objet d’aucune récompense pour son action déterminan­te » contrairem­ent à la Commissair­e à la Direction centrale de la sécurité dont Sandra Bertin dénonçait le harcèlemen­t. Christian Estrosi se dit satisfait que « la vérité soit enfin établie » et salue « le courage et la dignité » de Sandra Bertin : « À travers cette relaxe c’est la Police Municipale de Nice dans son ensemble qui est ainsi réhabilité­e. »

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La justice a considéré que les propos tenus par Sandra Bertin à l’encontre de Bernard Cazeneuve, « étaient dans leur ensemble diffamatoi­res », pour autant les magistrats ont décidé de ne pas entrer en voie de condamnati­on. (Photo F. F./C. M.)

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