Nice-Matin (Cannes)

La milliardai­re Liliane Bettencour­t s’en est allée

L’héritière du groupe L’Oréal est décédée à 94 ans, laissant derrière elle le souvenir d’une retentissa­nte affaire judiciaire liée à des soupçons d’abus de faiblesse

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Elle était la femme la plus riche du monde. Selon le magazine économique américain Forbes, Liliane Bettencour­t, héritière du groupe de cosmétique­s L’Oréal, était à la tête d’une fortune de près de 40 milliards de dollars. « Liliane Bettencour­t est décédée cette nuit [de mercredi à jeudi, ndlr] à son domicile. Elle aurait eu 95 ans le 21 octobre. Ma mère est partie paisibleme­nt » ,a écrit sa fille unique, Françoise Bettencour­t Meyers, dans un communiqué publié hier. La milliardai­re occupait la 14e place des personnes les plus fortunées sur la planète.

Une affaire tentaculai­re

C’était aussi la deuxième fortune française derrière le magnat du luxe et patron de LVMH, Bernard Arnault. Affaiblie par la maladie, placée sous tutelle, elle se tenait en retrait de la scène publique depuis 2012, année au cours de laquelle elle a quitté le conseil d’administra­tion de L’Oréal et tout rôle dirigeant au sein du groupe. Le holding familial Thétys, présidé par Françoise Bettencour­t Meyers mais dont sa mère Liliane Bettencour­t conservait l’usufruit, est l’actionnair­e majoritair­e de L’Oréal avec 33,05 % des parts au 31 décembre 2016. Liliane Bettencour­t a été au centre depuis dix ans d’une tentaculai­re affaire judiciaire qui a mis en lumière les déchiremen­ts au sein de sa famille. Le principal dossier de ce qui est devenu « l’affaire Bettencour­t » a porté sur un soupçon d’abus de faiblesse. Il a débuté avec la plainte, fin 2007, de Françoise Bettencour­t Meyers, soupçonnan­t le photograph­e FrançoisMa­rie Banier d’avoir profité de la vulnérabil­ité de sa mère pour obtenir des centaines de millions d’euros de dons. La mécène avait versé à l’artiste chèques, oeuvres d’art, contrats d’assurance-vie... François-Marie Banier a été condamné en appel le 24 août 2016, à 4 ans de prison avec sursis et 375000 euros d’amende pour « abus de faiblesse ». L’ex-ministre et trésorier de l’UMP, Éric Woerth, a lui aussi été mis en cause dans un autre volet de l’affaire, portant sur un soupçon de trafic d’influence, avant d’être relaxé.

Cinq journalist­es relaxés hier

Un temps soupçonné d’avoir également profité des largesses de l’héritière pour financer sa campagne électorale en 2007, l’ex-président Nicolas Sarkozy a été finalement mis hors de cause. Dernier épisode en date, hier, dans l’affaire dite des écoutes, la justice bordelaise a relaxé en appel cinq journalist­es poursuivis pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » de Liliane Bettencour­t. Elle a aussi estimé que son ex-majordome avait enregistré illégaleme­nt la milliardai­re pour la protéger et n’était donc «pas pénalement responsabl­e ».

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