Nice-Matin (Cannes)

A fleur de peau

Décisif depuis trois matchs, Mario Balotelli a retrouvé le sourire. Et Nice avec... Analyse du phénomène

- VINCENT MENICHINI

Il est un homme à la sensibilit­é extrême, un être irascible. Mario Balotelli cultive l’art du contrepied, se retrouvant souvent là où on ne l’attend plus et ravivant la flamme alors qu’on la pensait définitive­ment éteinte. Lors des trois derniers matchs, « Super Mario » a marqué quatre buts. Rien de bien fou quand on connaît son appétence pour les statistiqu­es, mais il est redevenu ce qu’il devrait toujours être : un joueur hors-norme. « Même à l’entraîneme­nt, quand il ne marque pas, il va râler », affirme Arnaud Souquet. Ce qui a changé depuis la trêve et ses nombreux échanges avec le staff, c’est sa capacité à répéter les efforts et faire tout ce qu’il n’avait jamais fait auparavant dans le repli défensif. « On joue dans un système (4-4-2) qui lui convient mieux, pose Lucien Favre, qui ne croyait pas à son associatio­n avec Alassane Plea alors qu’elle fait des ravages depuis trois rencontres. Il y a des progrès. Il sait qu’il doit en faire plus et quand on lui explique les choses, il comprend. C’est la première fois qu’il enchaîne trois matchs en une semaine depuis longtemps. Avec lui, il faut parfois être plus tolérant. » Sous-entendu qu’on ne gère pas une star comme Balotelli de la même manière qu’un jeune sorti du centre de formation. « Cela me paraît logique, confie Julien Fournier, le directeur général du Gym. Nice a prouvé qu’il avait les épaules pour gérer un tel joueur. Mario, comme les autres, doit prendre conscience de la chance qu’il a de travailler avec un staff aussi exigeant et bienveilla­nt. » Dans la saison de l’Italien, il y aura un avant et un après Naples, ce barrage retour disputé sur une jambe qui avait conduit Lucien Favre à le descendre face aux médias lors de la conférence de presse d’après-match. « Je vais revenir une dernière fois làdessus : j’avais dit que j’aurais dû le sortir plus tôt, comme pour reconnaîtr­e aussi mon erreur », a déminé cette semaine le technicien suisse qui marche sur des oeufs avec sa star.

« Quand c’est moi qu’on critique, ça prend des proportion­s énormes »

« Contre Naples, il n’était pas prêt tout simplement. Il ne pouvait ni faire les efforts, ni garder les ballons », avance un membre du vestiaire. Les piques de son entraîneur l’ont échaudé au plus haut point. « Je préfère qu’on me dise les choses en face plutôt qu’on me critique dans les médias. Quand c’est moi, ça prend des proportion­s énormes après », a confié à un coéquipier l’internatio­nal italien qui cultive un profond dédain vis-à-vis des journalist­es qu’il se fait un malin plaisir d’esquiver chaque week-end en zone mixte. « C’est une star, un gars qui a 6 millions de suiveurs sur les réseaux sociaux. Vous imaginez les sollicitat­ions ? » s’amuse l’un de ses partenaire­s. Entre Favre et Balotelli, c’est toujours l’amour vache. Leur relation n’a parfois tenu qu’à un fil. Or, elle dure depuis plusieurs mois, malgré de nombreuses divergence­s de vue et des sensibilit­és qui s’opposent. « Mario, on connaît ses qualités et ses défauts, mais il a fait l’unanimité au moment de le prolonger, confie Fournier. Il est à l’écoute de Lucien qui est dur mais juste. Cela se ressent actuelleme­nt dans ses performanc­es. » Au sein du vestiaire, ils sont plusieurs à jouer les médiateurs, dont Dante, sans qui cela aurait certaineme­nt déjà explosé. Par son vécu et son aura, le capitaine brésilien est l’une des rares personnes habilitées à dire ses quatre vérités à l’écorché Mario Balotelli. « Il faut utiliser ses qualités à 300% et il vous le rendra. Il n’est pas si compliqué que ça à gérer », avance Frédéric Gioria. « Par exemple, après le match en Belgique, il était tout content d’avoir fait les efforts comme le lui réclame le coach, appuie un proche. C’est un grand enfant, un sensible qu’il ne faut pas lâcher... » Et quand la tête va, tout va...

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