Chemin de la discorde entre Cédric Herrou et son voisin
Dans le cadre d’un litige entre l’agriculteur et son voisin, des membres de Roya Citoyenne ont coupé un grillage hier. Les gendarmes sont intervenus et ont placé trois personnes en garde à vue
Cela aurait pu rester une banale querelle de voisinage. Comme il en existe tant d’autres ailleurs. Oui mais voilà, l’un des deux protagonistes se nomme Cédric Herrou, le médiatique agriculteur et défenseur des migrants. Pour nourrir ses poules et accéder à sa propriété, le Breillois passait depuis des années par un court chemin rocailleux d’une vingtaine de mètres, débouchant sur la RD6204. Une maigre parcelle appartenant à… un autre propriétaire, Bertrand C. Cédric Herrou justifie ce passage par le fait que son domaine est « enclavé ». Le propriétaire, contacté par téléphone, argue « qu’il n’y a jamais eu de servitude, que Cédric Herrou s’est octroyé le passage lui-même ».
Rochers et grillage pour barrer l’accès au chemin
Un différend parti en justice, qui dure depuis… 2005. Bien antérieur, donc, à la médiatisation de l’action de Cédric Herrou envers les migrants. Un combat judiciaire qui a connu son dernier rebondissement le 22juin 2017 à la cour d’appel d’Aix-enProvence. En faveur de Bertrand C. Pour motif que la propriété de Cédric Herrou n’est pas considérée comme enclavée, puisqu’accessible plus haut, par un autre chemin pédestre, bien plus long certes, le GR510. Fort de cette décision, le propriétaire a fait installer, samedi, deux clôtures pour barrer le passage, déjà entravé depuis plusieurs semaines par d’imposants blocs de pierre. Sur le grillage, un écriteau en bois sur lequel on peut lire : « Propriété privée, défense d’entrer ». Des clôtures qui n’auront finalement pas tenu bien longtemps. Hier vers 16 h 30, une quarantaine de membres de l’association Roya Citoyenne se sont réunis sur la route départementale (1). Équipés de tenailles, certains d’entre eux ont fait sauter les grillages avant de pénétrer dans la propriété et de faire débarouler les pierres pour libérer le chemin de la discorde. Un manège qui n’est pas passé inaperçu. Trois interpellations
Dans la foulée, les gendarmes mobiles et de la brigade locale sont intervenus pour stopper les militants. Contrôlant l’identité de tous ceux qui avaient pénétré sur le chemin et interpellant les trois personnes ayant sectionné le grillage. Ces derniers ont été placés en garde à vue pour « dégradations en réunion » et « violation de domicile ». Puis, tout le monde s’est dispersé dans le calme. « Chaque mois, j’utilise 1,4 tonne de grain pour aller nourrir mes 250 poules. Comment je vais faire? Et pour récolter mes olives? Livrer mes produits sans pouvoir entrer ni sortir de chez moi ? a réagi Cédric Herrou, joint par téléphone. Et plus que jamais déterminé à utiliser ce passage. « Si des grillages sont remis, on les enlèvera. Sinon, je laisse crever mes poules ? J’envisage une procédure d’urgence pour la protection des animaux. » Une querelle dont l’épilogue ne semble pas encore pour tout de suite.