Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Iker Casillas, l’immortel

C’est un monument qui débarque au Louis-II. A 36 ans, le portier espagnol est le recordman de matches disputés en Ligue des champions dont il a remporté l’édition 2002 avec... Zidane

- MATHIEU FAURE

Aquoi mesure-t-on le degré de réussite d’une carrière ? Aux joueurs avec lesquels on a eu la chance d’évoluer. Pour Iker Casillas, la liste sera sans doute trop longue mais elle aurait une sacrée gueule puisque le portier espagnol du FC Porto a évolué, entre autres, avec Zidane, Raùl, Redondo, Roberto Carlos, Owen, Hierro, Xavi, Iniesta, Ronaldo, Kakà, Beckham, Cannavaro, Figo, Robben, Cassano, Robinho, Makelele, Cristiano Ronaldo, Sergio Ramos, Guti mais aussi Julien Faubert. Cela vous classe un homme. Pour le gardien de 36 ans, ce classement l’amène tout là-haut. Notamment en Ligue des champions où il est à ce jour le joueur ayant disputé le plus grand nombre de matches de C1 : 169. A titre de comparaiso­n, Monaco a joué 182 matches européens depuis 1961... Si en plus on y ajoute trois victoires finales, cela donne du relief à l’un des plus beaux palmarès du football mondial. Falcao va donc défier une légende de la C1 au Louis-II. Entre la Coupe aux grandes oreilles et l’Ibère, il s’est très vite passé quelque chose. Le 20 mai 2000, il devient le plus jeune gardien à disputer et remporter une finale de Ligue des champions. Il a 19 ans. Deux ans plus tard, il débute la finale contre Leverkusen sur le banc mais rentre à la place de Cesar Sanchez à la 68e minute. 22 minutes pour entrer dans la légende puisqu’il sort trois parades XXL qui permettent au Real de garder son avantage et offrir à Zidane sa seule victoire finale en C1 en tant que joueur. Au sein de la maison blanche, l’homme aura tout connu en 16 ans de vie commune chez les profession­nels. Bilan : 19 trophées. 725 matches dans le plus grand club du monde depuis ses débuts le 12 septembre 1999 à Bilbao, à 18 piges. Le petit Iker a débarqué au Real Madrid à 9 ans. Très vite, il hérite d’un surnom qui colle à sa bouille de gamin, «El Nino», l’enfant. Issu d’une famille modeste (un père fonctionna­ire, une mère coiffeuse), Casillas va devenir le patron du plus grand club du monde à un poste ô combien compliqué. Il est le gardien de but d’une équipe historique­ment portée vers l’offensive. Le Real Madrid de Di Stefano, Puskas, Kopa, Ronaldo, Butragueno, CR7, Zidane et Raul. Dans la maison blanche, les lettres de noblesse sont réservées à ceux qui marquent des buts. Iker, lui, ne devait pas en prendre pour exister. Difficile d’imaginer un jeune de 19 ans commander les Hierro, Roberto Carlos, Redondo ou autre Zidane. Pourtant, Casillas s’y emploie dès son arrivée entre les barres. « Je joue avec des types qui étaient mes idoles. Maintenant, je dois leur donner des ordres. Gardien, c’est bien parce que, quand tu es bon, il y a des louanges. Mais, ici, au Real, il faut être à 100%. Même si tu es excellent à tous les matchs, tu ne peux pas te permettre la moindre bourde. Parce que tout le monde ne verra que la bourde », détaille-t-il au début des années 2000. À cette époque, il a encore en tête sa première folie financière une fois installé dans les buts du Real Madrid. Une Renault 19. Grise. « Mon premier amour» , dit-il quand on évoque la R19. Mais il faudra pourtant attendre 2010 pour le voir devenir un géant. Le 11 juillet, Iker Casillas et l’Espagne deviennent champions du monde en battant les Pays-Bas (1-0 a.p.). Et le portier y est pour beaucoup. En finale, il empêche Arjen Robben d’ouvrir le score. « Plus Robben avançait, plus je me disais que mes chances de stopper sa tentative étaient élevées, argumente-t-il en 2013. Aujourd’hui encore, quand je revois cette parade, je suis ému jusqu’aux larmes ». Les larmes, elles vont sans doute monter en 2012, à Malaga. Mais pour une autre raison. Ce soir-là, José Mourinho, alors coach du Real, décide de placer son portier sur le banc. Un choix symbolique et fort. Limite insultant. José Mourinho, persuadé que le gardien bave dans la presse (il est marié avec la journalist­e Sara Carbonero), le place sur le banc à la surprise générale au profit du jeune Adan. Réponse du Portugais à la fin du match : « À mon avis, Adan est meilleur. C’est la seule opinion qui tienne ». Le début d’un mal-être entre Iker et le Real Madrid. S’estimant peu, ou pas assez défendu par son club de toujours, le fossé va se creuser entre la maison blanche et Casillas. À tel point que son départ, en 2015, s’effectuera par la toute petite porte. Comme pour Raul, autre légende du club. Décidément, à Madrid, on ne sait pas saluer ceux que l’on a tant aimés. Pas grave. Casillas, qui s’est depuis refait une jeunesse à Porto, peut compter sur d’autres mythes pour se remonter le moral. En janvier dernier, alors que l’UEFA montre des vidéos de Buffon et Casillas en C1, les deux portiers de plus de 35 ans s’échangent des câlins sur Twitter. En gros, lequel des deux est le plus grand de l’histoire ? Iker dégaine le premier en mentionnan­t l’Italien. « Qu’en penses-tu ? Pour moi, tu es le meilleur! ». Buffon : « Je ne choisis pas. On est les meilleurs ».

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Vainqueur de la C en  avec Zinedine Zidane, Iker Casillas joue toujours au football, à Porto, près de quinze ans plus tard. L’homme au palmarès XXL est une légende. (Photos AFP)
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