Nice-Matin (Cannes)

Maël de Calan: «Il faut une droite des solutions»

Candidat à la présidence des Républicai­ns, le jeune juppéiste défend sa vision d’une droite « ouverte et équilibrée », qui ne se contente plus de slogans mais apporte des réponses

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Il est l’un des six candidats à la présidence des Républicai­ns. Celui qui, avec son visage poupin, entend en incarner le renouveau. Maël de Calan, 37 ans, est surtout le juppéiste de service, ou l’anti-Wauquiez, comme on voudra, de cette élection. Ce Finistérie­n d’origine, double diplômé de Sciences po et HEC, souhaite promouvoir une droite ouverte, éthique et raisonnée dans son opposition au gouverneme­nt.

Quelles sont les grandes lignes de votre projet pour LR ?

Il repose sur deux idées fortes. La première est de transforme­r radicaleme­nt nos pratiques politiques. Les Républicai­ns, comme d’autres partis de gouverneme­nt, sont associés à des pratiques détestable­s dont les électeurs ne veulent plus : le sectarisme, le cynisme, la mauvaise foi, la démagogie. Les jeunes élus engagés avec moi sont portés par cette volonté qui peut paraître un peu naïve mais qui est attendue par beaucoup. Le deuxième objectif est de porter les valeurs d’une droite ouverte, fermement de droite mais qui n’a pas envie d’être excessive sur tous les sujets, qui cherche à apporter des solutions concrètes aux problèmes du pays et non à y répondre par des slogans. Nous voulons une droite équilibrée, qui ne soit pas maximalist­e.

Renouveler les pratiques et les personnes, c’est une rengaine vieille comme la politique…

C’est une promesse qui a été souvent faite et souvent déçue, mais c’est en tout cas ce qui anime notre démarche. J’en ai marre d’entendre des responsabl­es de ma famille aller sur les plateaux et débiter des éléments de langage appris par coeur. Nous, quand on nous pose une question, nous cherchons à y répondre. Nous avons envie de remettre de la sincérité dans la parole politique. Il y en a assez de voir des membres de notre famille attaquer avec cynisme nos adversaire­s, quitte à renier ce que nous disions nous-mêmes voilà quelques mois. Que ce soit sur la baisse des dotations, celle des APL, ou sur la diminution des emplois aidés. Ce sont des mesures que la droite défend de longue date et qu’il n’est pas possible d’attaquer aujourd’hui au seul motif que nous sommes dans l’opposition. Ce n’est pas parce que la promesse de renouvelle­ment a été déçue qu’il faut renoncer à la mettre en oeuvre. Avec quelques-uns, depuis , nous avons créé un groupe qui s’appelle La boîte à idées et qui a beaucoup travaillé sur le fond, pour que l’opposition de droite ne se réduise pas à quelques slogans répétés en boucle et cherche des solutions concrètes aux difficulté­s de la France.

Quelle différence, au fond, entre Les Républicai­ns tels que vous les concevez et les Constructi­fs ?

Eux ne croient plus en LR, ils pensent que l’union de la droite et du centre est morte, alors que nous croyons que toutes les familles de la droite peuvent continuer à coexister au sein des Républicai­ns. Par ailleurs, autant on souhaite que la droite dise quand le gouverneme­nt va dans le bon sens, autant on n’hésite pas à dire non plus ce qui nous sépare d’Emmanuel Macron : nous sommes contre la hausse de la CSG, contre la suppressio­n de la taxe d’habitation, nous redoutons un risque de faillite des régimes de retraite. Sur les questions de sécurité et de justice, on juge également le gouverneme­nt trop immobile et on s’inquiète de la baisse des crédits militaires. On est les tenants d’une opposition intelligen­te, mais on reste clairement dans l’opposition.

Pour vous, l’élection de Laurent Wauquiez présentera­it un danger de radicalisa­tion de LR ?

Ça dépendra du score qu’on fera et de la manière dont on réussira à peser dans le parti pour imposer nos idées d’une droite européenne et libérale, résolument de droite mais attachée à une forme d’équilibre. L’enjeu est de réussir à faire cohabiter les différente­s droites qui ont toujours existé. Les Républicai­ns resteront la famille de la droite et du centre à condition qu’aucun courant n’étouffe tous les autres. La radicalisa­tion n’a rien d’inéluctabl­e, pour peu que notre sensibilit­é réussisse à se faire entendre.

Vous êtes un farouche adversaire du FN. Mais l’expérience montre que c’est finalement Nicolas Sarkozy qui avait le mieux réussi à le faire baisser…

Je ne suis pas sûr qu’on puisse dire ça. En , Nicolas Sarkozy a effectivem­ent réussi à marginalis­er le FN en montrant aux Français qu’on pouvait nommer les problèmes et y apporter des solutions concrètes. Il y avait dans sa démarche une volonté réelle de transforme­r le pays. Ce qu’on reproche à la plupart de nos adversaire­s dans cette élection, c’est de se contenter de nommer les problèmes sans y apporter de réponses. Pour être efficace, il faut une droite des solutions et pas une droite des slogans. De ce point de vue-là, Nicolas Sarkozy était plus de notre côté que de celui de nos concurrent­s. Marine Brenier, députée LR constructi­ve de la e circonscri­ption des Alpes-Maritimes, a décidé de parrainer Maël de Calan. « Notre famille politique a besoin d’une profonde rénovation si elle ne veut pas disparaîtr­e. Elle a besoin de l’audace de la jeunesse pour se réformer. Je ne peux me résoudre à ce qu’un seul candidat obtienne les parrainage­s nécessaire­s. Il faut faire vivre le débat. C’est pour cela que je soutiens Maël de Calan. Avec lui, qui a toujours dénoncé clairement le FN, je sais faire le choix d’une droite de gouverneme­nt non populiste. »

 ?? (Photo IP) ?? Maël de Calan,  ans, candidat à la présidence de LR.
(Photo IP) Maël de Calan,  ans, candidat à la présidence de LR.
 ?? (Photo AFP) ?? La délégation parisienne au retour de Lima le  septembre.
(Photo AFP) La délégation parisienne au retour de Lima le  septembre.

Newspapers in French

Newspapers from France