Attentat de Nice: prison ferme pour deux nouvelles “fausses victimes”
Après la condamnation d’un couple en avril dernier à Grasse, le tribunal de Bobigny a infligé, mardi, deux ans de prison dont un avec sursis à deux autres membres de cette même famille Deux familles vont visionner les images du drame
Une odieuse et macabre opération familiale. Le 19 avril dernier, Sasa Damjanovic et sa compagne Vera Vasic avaient été condamnés respectivement à 6 et 4 ans de prison par le tribunal de Grasse pour s’être fait passer pour de fausses victimes de l’attentat de Nice. Ils avaient tenté de se faire indemniser par le Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI). Mardi, c’est le tribunal de Bobigny qui a condamné deux autres personnes pour des faits similaires, comme le rapporte Le Parisien. Stéphane D., 23 ans, et Angélique V., 31 ans, ont écopé de deux ans de prison dont un avec sursis. Pure coïncidence entre ces deux affaires ? Pas du tout. Car Sasa et Stéphane sont frères. Et avec leur compagne respective, ils ont tenté un macabre business. A l’été 2016, Stéphane et Angélique, originaires de Montfermeil (Seine-Saint-Denis) avaient été invités par Sasa et Vera à passer quelques jours de vacances dans leur villa de Cannes. Le 14 juillet, juste après l’attentat sur la Promenade des Anglais, le quatuor avait rejoint Nice pour se faire passer pour des victimes. Direction la cellule de crise de l’hôpital Pasteur de Nice où Stéphane donnait alors sa version à la police : « Je marchais tranquillement quand j’ai vu le camion à 15 m de moi. Je me suis mis à courir et j’ai reçu un coup sur le nez en évitant le camion ». Puis les deux couples s’étaient fait enregistrer auprès du Fonds de garantie dans l’espoir d’obtenir une indemnisation. Sasa et Vera savaient comment faire puisqu’ils avaient déjà agi ainsi en 2015, prétendant s’être trouvés au Stade de France le soir de l’attentat du 13 novembre. La lamentable combine avait marché puisque chacun avait touché 30 000 euros... avant de prendre respectivement 6 et 3 ans de prison en décembre 2016. Mais cette fois, le FGTI a senti l’entourloupe et déposé plainte contre ces quatre escrocs. « J’ai fait ce qu’on me disait de faire. Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête », a déclaré Stéphane devant le tribunal de Bobigny. « J’y suis allée parce qu’il insistait mais je ne suis pas une escroqueuse », a déclaré Angélique à propos de Sasa. Pour sa part, Me Ozimek, l’avocat du Fonds de garantie, a dénoncé « des actes immoraux à la limite de l’inhumanité ». Désormais, Stéphane et Angélique dorment en prison. Comme Sasa et Véra. Les parents de deux étudiants ukrainien et estonien, tués le soir du juillet à Nice, ont obtenu le droit de visionner les images de vidéosurveillance qui ont capté la course du camion meurtrier, a indiqué leur avocate, confirmant une information de RTL. Malgré les mises en garde des magistrats sur le « choc immense » que pourrait représenter le visionnage de ces vidéos, ces deux familles ont demandé à voir l’instant précis où le poids lourd a fauché leurs enfants, âgés de et ans, sur la promenade des Anglais. « Je n’ai pas à décider du choix de mes clients. Ils en ont le droit. Ces vidéos font partie intégrante du dossier et leur détermination à les consulter était infaillible, a précisé Me Samia Maktouf à Minutes. Pour eux, c’est une manière d’accompagner leur enfant. Il n’y a absolument rien d’ostentatoire dans leur démarche. » Selon la législation, les parties civiles ont en effet accès à l’intégralité des pièces du dossier. Le visionnage aura lieu au parquet antiterroriste de Paris, dans un cadre très strict. Le film sera extrait des scellés uniquement le temps de la séance avant de retourner à sa confidentialité.