Nice-Matin (Cannes)

Galderma : « On va tuer un fleuron pharmaceut­ique »

Après les explicatio­ns de la direction, c’est au tour des salariés dont plus de 400 emplois sont menacés, d’exprimer leur point de vue sur le plan de restructur­ation qui touche leur entreprise

- JÉRÉMY TOMATIS jtomatis@nicematin.fr

On va se battre ! » Les 550 salariés de la société pharmaceut­ique Galderma, située sur la partie biotoise de la technopole Sophia Antipolis, ne comptent pas baisser les bras. Après les explicatio­ns de la direction (lire notre édition du 20 septembre), c’est donc au tour des salariés d’exprimer leur point de vue sur les conséquenc­es du projet de restructur­ation qui est engagé. D’ici septembre 2018, un plan de départs volontaire­s de 300 salariés est envisagé. «Ce sont en fait plus de 400 emplois qui sont menacés, explique un élu du comité d’entreprise qui préfère garder l’anonymat. Officielle­ment, ils cherchent un repreneur. Mais il n’y a aucune garantie, aucune assurance que ce dernier reprenne une activité pharmaceut­ique. Officieuse­ment, ils comptent fermer le site. Un plan de mobilité internatio­nal concernera­it une centaine d’employés, mais encore faut-il que tous acceptent de partir ailleurs… »

« Pourquoi ne pas être franc dès le départ ? »

Nathalie Strauss, secrétaire du comité d’entreprise et déléguée syndicale CFDT, n’en démord pas. «Ce qui rajoute à notre stupeur, c’est que la consultati­on du comité d’entreprise, qui est obligatoir­e, était prévue le 2 octobre et a été repoussée au 6 de ce mois. Ce sont quatre jours supplément­aires durant lesquels les salariés, qui patientent déjà dans l’angoisse depuis l’annonce du 19 septembre, doivent attendre pour connaître l’issue de tout cela. Ce qui nous embête le plus, c’est qu’ils savent très bien ce qui va se passer. Pourquoi ne pas être franc dès le départ ? » Le fond du problème d’après Nathalie Strauss, c’est que la direction de Galderma cache donc quelque chose. « On nous dit qu’il n’y aura pas de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) alors que toutes leurs démarches sont celles d’un PSE et d’une fermeture du site. On savait depuis des mois qu’un projet de restructur­ation était prévu. Mais on ne savait rien de plus Puis, le 19 septembre dernier, ils nous ont informés de ce plan volontaire avec une échéance d’un an. Mais nous ne sommes pas volontaire­s ! Normalemen­t, tout cela se prépare en amont. C’est un énorme manque de respect envers les salariés. » Parmi les combats menés, les employés veulent inciter la direction à parler avec franchise et transparen­ce. « La Direcct (Direction départemen­tale du travail, de l’emploi et de la formation profession­nelle) est un service d’État qui doit valider la procédure. Alors on s’attache à ce que la direction soit honnête et utilise les bons mots. Cela paraît anodin, mais ça change tout pour les salariés. »

« Les arguments invoqués sont faux ! »

Ce que les salariés remettent en cause, est en fait bien plus profond. « On ressent de la trahison, reprend l’élu du CE. Nous avons des projets en cours et beaucoup de travail. Donc pourquoi ne pas maintenir ce centre d’excellence ici, à Sophia?» Et Nathalie Strauss d’ajouter : «Ils ont fait le choix de se débarrasse­r de plusieurs centaines d’employés, au minimum, et de faire de la soustraita­nce. Mais on en fait déjà ! Il y a tellement d’activité que nous ne pouvons même pas tout faire… Donc même les arguments invoqués sont faux. » Les deux salariés évoquent d’autres raisons qui auraient poussé la direction envisager cette restructur­ation : « Aujourd’hui, on travaille sur des médicament­s topiques. C’està-dire des crèmes que l’on étale par voie cutanée. Il y a un problème de concurrenc­e sur ce marché. Galderma a commencé, depuis longtemps déjà, à investir dans des voies d’administra­tion biologique et orale, notamment à Sophia. Donc nous sommes équipés et beaucoup de personnel a d’ailleurs été embauché pour cela. C’est la stratégie de l’entreprise qui devrait être remise en cause. Mais on nous dit aujourd’hui que nous n’avons pas les compétence­s requises pour développer ces voies d’administra­tion. C’est la direction, après investisse­ment, qui a décidé de ne plus aller vers ces autres voies d’administra­tion. Notre but est donc, aussi, de rétablir la vérité sur ce chapitre-là. » L’ensemble des salariés n’exclut pas d’organiser prochainem­ent une manifestat­ion – la décision sera prise en fonction du plan proposé le 6 octobre – afin de dénoncer «le manque de transparen­ce dont fait preuve la direction de Galderma. On ne changera pas la décision mais on demande, au minimum, qu’elle ait le courage d’assumer ce qu’elle fait. Elle va tuer un fleuron pharmaceut­ique. C’est un immense gâchis humain. »

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(Photo Sébastien Botella) Les salariés n’excluent pas d’organiser une manifestat­ion une fois que le comité d’entreprise aura été consulté, le  octobre prochain.

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