Nice-Matin (Cannes)

Mystérieux

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Merah semble alors bien peu réceptif à ce prosélytis­me familial. A tel point que, pour tenter de faire « rentrer dans le droit chemin » de l’islam son cadet, Abdelkader n’hésite pas à l’attacher à un lit pour le rouer de coups. De même qu’il poignarde à sept reprises l’aîné de la fratrie, Abdelghani (2), sous prétexte qu’il aurait épousé «une juive ».

Mohammed Merah n’aurait d’ailleurs commencé à se radicalise­r que deux ans plus tard, à la faveur, lui aussi, d’un séjour en prison. Si le parcours des deux frères sont assez similaires, ils ne sont donc pas pour autant parallèles. L’enquête démontre que leurs relations étaient même chaotiques. Ils ne s’adressent plus la parole durant des mois avant de se rabibocher… étonnammen­t, pile au moment où Mohammed Merah décide de passer à l’acte. Ce qui, pour le parquet antiterror­iste, «contrairem­ent aux déclaratio­ns louvoyante­s d’Abdelkader Merah, conforte sa position de complice par instigatio­n ». Un statut de «mentor» que l’accusé a toujours refusé d’endosser. Même s’il se déclare «fier» de ce qu’a fait son frère. Le discours ultra-radical de son frère aurait pu pousser au crime Mohammed Merah, faisant d’Abdelkader son « complice par instigatio­n » (voir ci-contre). Ce n’est toutefois pas la seule charge qui justifie son renvoi devant la cour d’assises spéciale. Abdelkader Merah aurait, aussi, participé au vol du scooter qui a servi lors des tueries. Le 6 mars, cinq jours avant la première attaque contre un militaire, il circule en voiture avec Mohammed. Celui-ci lui aurait subitement demandé de s’arrêter. Quelques minutes plus tard, Mohammed Merah passe devant lui au guidon d’un T-Max qu’il vient de dérober.

Le blouson et la chaîne Abdelkader dit l’avoir réprimandé pour ce vol. Pourtant, moins d’une heure plus tard, ils passent ensemble la porte d’un magasin d’équipement de moto, où ils achètent un blouson et une chaîne antivol. L’aîné des Merah les aurait même réglés lui-même. Plus troublant encore : avant même le vol du scooter, dont Abdelkader assure qu’il était «improvisé», les deux frères auraient été vus dans une concession. Cette fois, Mohammed se serait renseigné sur la façon de neutralise­r… un traceur GPS de T-Max ! Ce n’est pas tout. Lors de leurs auditions, les employés de ces boutiques ont évoqué la présence d’un «troisième homme». Les enquêteurs ont tenté d’identifier cet inconnu. Un proche des Merah a même été mis en examen pour cette présumée complicité de vol de scooter. Depuis, il a bénéficié d’un nonlieu. Il ne comparaîtr­a donc pas au procès.

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(Photo d’archives AFP) Abdelkader aurait participé au vol du scooter, cinq jours avant la première attaque contre des militaires (ci-dessus Abel Chennouf).

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