Nice-Matin (Cannes)

Fettah Melki

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C’est ainsi qu’il se définit lui-même : Fettah Melki serait « le commercial du quartier » des Izards. Celui que l’on vient voir quand on veut acheter une arme ou revendre des bijoux volés. Un délinquant multicarte qui risque aujourd’hui d’ajouter une mention de « complicité à une entreprise terroriste » àson long CV judiciaire. Car c’est lui qui aurait fourni à Mohammed Merah un gilet pare-balles estampillé « police nationale » et un miniUzi. Celui-là même qui s’est enrayé lors de l’attaque de l’école juive. Pourtant, Fettah Melki l’assure : s’il se doutait bien que Mohammed Merah, au passé de délinquant, préparait « un mauvais coup », il ignorait tout de ses intentions terroriste­s. Il comparaît néanmoins devant cette cour spéciale qui peut le condamner à perpétuité pour ce qui – du point de vue de la défense, du moins – reste un délit de droit commun.

Une question qui se posera aussi lors du procès de l’attentat de Nice En ce sens, le procès Merah préfigure un débat qui ne manquera pas d’avoir lieu, aussi, lorsque l’instructio­n sur l’attentat de Nice sera close et qu’arrivera l’heure du jugement. Peut-on poursuivre pour complicité de terrorisme ceux qui, « par fourniture de moyens », ont contribué à la commission de l’acte sans pour autant en avoir connaissan­ce… Et, si l’on pousse le raisonneme­nt jusqu’à l’absurde, renvoyer devant les assises le loueur de camion de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel? C’est bien la question inédite que va devoir trancher la justice à partir d’aujourd’hui. A ceci près que, dans sa balance, quelques éléments troublants pourraient peser lourd contre Fettah Melki. Il ne se serait pas contenté de fournir une arme à Mohammed Merah. Il lui aurait également acheté des bijoux volés lors d’un cambriolag­e violent perpétré pendant la série d’attaques. Il l’aurait même rencontré quelques heures seulement avant l’assaut du Raid dont Mohammed Merah n’allait pas sortir vivant.

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