Nice-Matin (Cannes)

Terrorisme : le projet de loi... et le « contre-projet Ciotti »

Les députés ont adopté – largement – hier, en première lecture, le projet de loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Les députés ont adopté – largement – en première lecture, hier après-midi, le projet de loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme » : 415 voix pour, 127 contre et 19 abstention­s. Le texte, qui doit prendre le relais de l’état d’urgence le 1er novembre, a été débattu sous le feu croisé de vives critiques. À droite, comme à la gauche... de la gauche. Les Insoumis et les communiste­s n’ont eu de cesse de dénoncer un projet de loi « menaçant les libertés individuel­les » dans un « état d’urgence permanent ». Le FN et certains députés LR – macroni ncompatibl­es – s’inquiétant, de leur côté, d’un texte « largement insuffisan­t ».

À l’image du député azuréen, Éric Ciotti, qui, avec son confrère LR non-constructi­f, Guillaume Larrivé, député de l’Yonne, a déposé, hier, une contre propositio­n de loi destinée à « renforcer l’état d’urgence ». Il s’agissait pour les deux soutiens de Laurent Wauquiez – la ligne dure des Républicai­ns – de contrecarr­er un texte « alibi » et des « mesures inapplicab­les ».

« Nous contestons la suspension des contrôles aux frontières »

Quant aux députés du Front national, absents en commission, ils ont fustigé « une petite loi », qui « ne s’attaque pas au fondamenta­lisme islamiste ». « Nous contestons avec force le postulat selon lequel il faut sortir de l’état d’urgence et suspendre les contrôles aux frontières. C’est le premier objet de notre propositio­n », a précisé, hier, Éric Ciotti, lors d’un point presse. Son second objectif : « Éloigner les étrangers qui représente­nt une menace pour l’ordre public, en renforçant les dispositif­s d’expulsion et d’interdicti­on de territoire français ». Le député des Alpes-Maritimes entend compléter l’article L.521–1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile et étendre les possibilit­és d’expulsion au cas des étrangers coupables de tout délit ou crime passible d’au moins cinq ans d’emprisonne­ment (sans que la situation familiale de l’intéressé ou l’ancienneté de son séjour en France n’y fasse obstacle).

Un compromis à trouver avec le Sénat

Dans sa propositio­n de loi, forte de 17 articles, Ciotti préconise, également, de porter la durée de la garde à vue, dans les affaires de terrorisme, jusqu’à 30 jours. Cette durée ne peut pour l’instant excéder six jours. Insuffisan­t, selon lui, au regard des enjeux. Il s’agit de s’inspirer de la pratique britanniqu­e, où la garde à vue, en ces matières, a pu aller jusqu’à 28 jours... L’Assemblée va devoir maintenant trouver un compromis avec le Sénat sur ce texte. C’est « jouable », estime La République en marche ! Au centre de ce texte particuliè­rement clivant : le renforceme­nt des pouvoirs de l’autorité administra­tive (préfets, ministre de l’Intérieur) pour assigner quelqu’un (non plus à résidence, mais dans un périmètre au minimum égal à la commune), réaliser des perquisiti­ons, fermer un lieu de culte ou faire des contrôles d’identité près des frontières. Le tout sans feu vert judiciaire, perquisiti­ons exceptées. Ces mesures sont transposée­s de l’état d’urgence post-attentats du 13 novembre 2015 – prolongé une sixième fois en juillet –, mais plus limitées et ciblées sur la prévention du terrorisme. Cette adoption intervient après l’attaque de Marseille et la découverte de bonbonnes de gaz à Paris.

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(Photo IP) Éric Ciotti, à l’Assemblée, hier, lors de l’examen du projet de loi.

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