Nice-Matin (Cannes)

Parc des Sports Le jour où Katalinski a fumé un cigare

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Nous sommes le mercredi 26 janvier 1977. Quand JeanMarc Guillou arrive au Parc de l’Ouest, il a la tête des mauvais jours. Logique : il a lu l’interview de Josip Katalinski dans Nice-Matin. Un brûlot. Sous la plume de Jean Chaussier, le défenseur central de l’OGCN découpe son coéquipier qui est aussi... son coach. Un exemple : « J’ai dit à Guillou que je ne voulais pas du poste de stoppeur. Aujourd’hui, ni lui ni moi ne jouons libero et personne ne prend l’attaquant adverse. Les défenseurs niçois ne sont pas rapides. Guillou a encore aggravé la situation. Il est l’entraîneur. Il joue donc où il veut, mais il faut bien se rendre compte que ça ne marchepas!» Le tacle de ‘‘Skija’’ est terrible. La situation complèteme­nt folle. Depuis 65 jours, Jean-Marc Guillou concentre tous les pouvoirs (entraîneur-joueur et capitaine). A un point tel que les journalist­es appellent le Gym : ‘‘L’Olympique Guillou Club de Nice’’. L’article a mis le feu. À peine arrivé au centre pour y disputer un match amical face à Monaco, Katalinski est convoqué dans le bureau de son meilleur ennemi. Guillou lui annonce qu’il est écarté du groupe . « Sa présence parmi nous n’est plus nécessaire. En lançant de graves accusation­s contre moi, il s’est exclu de l’équipe », dira le boss. Scène surréalist­e : Katalinski, au chaud dans un manteau en daim, s’allume son cigare préféré, un Saratoga, avant de prendre place derrière le grillage, pour assister à Nice-Monaco. Il fume. Il fulmine. « Guillou a trouvé un coupable alors que toute l’équipe joue mal. Moi, je ne dois occuper qu’un seul poste : libero. Je parlerai de tout ça avec le président Loeuillet.», lâche-t-il, la moustache plus noire que jamais. La guerre est déclarée. Elle ne durera pas longtemps. Le lendemain, JeanMarc Guillou démissionn­e de son poste d’entraîneur. Katalinski et Guillou passeront des jours et des jours sans se dire un mot. « Dans le vestiaire, on se serait cru dans un western », se souvient Albert Gal. Ne manque que les revolvers. L’atmosphère est à couper au couteau. Aujourd’hui, Katalinski est mort et Guillou, 71 ans, parle d’une péripétie.

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