Nice-Matin (Cannes)

Marineland cité au tribunal après les inondation­s de 

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Nouvel épisode dans le bras de fer entre Marineland et ses opposants. Particular­ité de celui-ci : il ne se joue pas dans la rue mais au tribunal. Hier, la SAS Marineland faisait l’objet d’une procédure de citation directe devant le tribunal correction­nel de Grasse, impulsée par l’organisati­on écologiste Sea Shepherd. L’affaire a été renvoyée à début novembre. Sea Shepherd, qui milite pour la fermeture de delphinari­ums type Marineland, a choisi deux angles d’attaque contre le parc antibois. Primo : « le déversemen­t de substances nuisibles dans les eaux souterrain­es ». L’associatio­n accuse Marineland d’avoir rejeté dans les cours d’eau environnan­ts celles de ses bassins inondés, salées et polluées par les inondation­s d’octobre 2015. Secundo : « l’atteinte involontai­re à la vie d’un animal en captivité ». Selon Sea Shepherd, Marineland aurait failli à ses obligation­s de sécurité, ne pouvant ainsi éviter la contaminat­ion des eaux et la mort de plusieurs animaux. À commencer par l’orque Valentin. L’affaire avait défrayé la chronique, il y a deux ans. Après les intempérie­s qui avaient fait vingt morts dans les Alpes-Maritimes, les défenseurs de la cause animale s’étaient émus, à leur tour, de l’impact pour les animaux d’un Marineland sinistré. La mort de l’orque Valentin, 19 ans, officielle­ment victime d’une « torsion de l’estomac », avait suscité la fronde grandissan­te des opposants aux delphinari­ums.

« Cet accident n’aurait pas dû avoir lieu »

Selon Me Sylvain Leroy, avocat de Sea Shepherd, Marineland aurait violé les règles de fonctionne­ment des delphinari­ums. « Après les précédente­s inondation­s du 5 novembre 2011, ils n’ont manifestem­ent pas pris la mesure du danger pour les animaux, dans cette zone a priori à risque. Cet accident n’aurait pas dû avoir lieu.» Pour traîner Marineland devant la justice en tant que personne morale, Sea Shepherd a donc fourbi ses propres armes, en prenant la voie de la citation directe. La société encourt une simple contravent­ion pour les faits de maltraitan­ce animale. La pollution volontaire d’eau douce, en revanche, constitue un délit passible de deux ans de prison. Hier, c’est pourtant Me Leroy qui a demandé le renvoi de l’affaire. À ses yeux, Me Philippe Rousseau, avocat de Marineland, aurait présenté ses contre-arguments trop tard pour lui permettre de répliquer. Me Rousseau – qui n’a pu être joint hier – a, d’ores et déjà, rejeté toutes les accusation­s contre le parc aquatique, et demandé des dommages et intérêts pour cette procédure. Le tribunal présidé par Marc Joando a donc renvoyé l’affaire, en présence d’une poignée de défenseurs de la cause animale.

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Dévasté par les intempérie­s, le parc antibois était resté fermé six mois. (Photo Sébastien Botella)

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