Nice-Matin (Cannes)

Levothyrox: «On nous prend pour des cobayes»

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ÀDraguigna­n, Françoise Pleven a été auditionné­e par les gendarmes auxquels elle a remis des éléments médicaux et les boîtes du médicament incriminé, dans le cadre de sa plainte contre XSoignée depuis 2011 pour une thyroïdite auto-immune d’Hashimoto, Françoise Pleven, 62 ans, tolérait très bien son traitement, le Levothyrox, du laboratoir­e Merck. « Mais en mai 2017, je suis passée à la nouvelle formule » , regrette-t-elle. En juin, ont commencé à apparaître les premiers désagrémen­ts, qu’elle cite : « Une fatigue extrême, des pertes de cheveux, des nausées matinales, une sécheresse de la bouche et des yeux, au point de retourner en juillet chez le médecin. » Auditionné­e samedi

La Dracénoise enchaîne : « Je n’avais jamais transpiré de ma vie, ni eu de bouffées de chaleur. Là je suais à grosses gouttes. J’ai mis cela sur le compte de la canicule. Je commençais aussi à avoir des trous de mémoire et des insomnies… » Lorsque d’autres cas ont été relatés dans les médias, une de ses amies, dans la même situation, a fait le rapprochem­ent. Françoise Pleven, membre de l’associatio­n nationale des malades de la thyroïde s’est renseignée et a constitué son dossier pour porter plainte contre X, avec toutes les pièces demandées par la justice(1). Elle a été auditionné­e par un gendarme de Lorgues samedi dernier. « Je lui ai laissé la dernière boîte de Levothyrox nouvelle formule que j’avais en ma possession. » Un médicament qu’elle ne prenait plus puisque, comme de très nombreux autres malades, elle est revenue à l’ancienne formule. « À cause des effets secondaire­s, mon médecin m’avait d’abord prescrit de l’Euthyral mais ça a empiré. Il m’a donc represcrit l’ancienne formule que je vais acheter en Italie (Eutirox 100).» Et elle n’est pas la seule. «Des covoiturag­es s’organisent même pour y aller », précise-t-elle. Elle a également fait un signalemen­t sur le site de pharmacovi­gilance et s’indigne : « On ne nous a jamais informés du changement de formule, on nous a dit que seul l’emballage changeait. Maintenant on nous dit que les effets indésirabl­es sont dans la notice. On nous prend pour des cobayes !

Un coût financier

Elle s’interroge également sur les conséquenc­es financière­s de cette affaire pour la collectivi­té: «Pour déposer plainte, il faut retourner chez son médecin. Cet été, ma mère, qui a été opérée de la thyroïde depuis longtemps et qui avait des vertiges suite à la prise du nouveau médicament, a subi plusieurs scanners de la tête, de la mâchoire, des cervicales… Combien tout cela va-t-il coûter à la Sécurité sociale ? » Persuadée qu’il s’agit d’un nouveau scandale sanitaire, Mme Pleven compte maintenant sur la justice pour le démontrer.

V. G. 1. Hier, le procureur de la république de Marseille, Xavier Tarabeux, indiquait que « 166 procédures sont en cours ». Ce dernier a fait établir et diffuser à l’ensemble des services de police et de gendarmeri­e un document qui détaille toutes les pièces à fournir par les plaignants. On peut aussi trouver ce document sur Internet. Par ailleurs, depuis le 15 septembre une enquête pour tromperie aggravée, atteintes involontai­res à l’intégrité physique et mise en danger de la vie d’autrui, a été ouverte et confiée à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnem­ent et à la santé publique. Le ministère a confié l’ensemble du dossier au pôle de santé publique du TGI de Marseille, le siège social du laboratoir­e Merck, qui commercial­ise le levothyrox, se trouvant à Lyon. Lors d’une perquisiti­on du site mardi, des documents et des boîtes de médicament­s ont été saisis (nos précédente­s éditions).

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(Photo Philippe Arnassan) Françoise Pleven est l’une des  personnes qui ont déposé plainte. Des centaines d’autres sont en train d’en faire autant.

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