Routiers: syndicats, patronat et gouvernement trouvent un accord
Un accord tripartite entre le gouvernement et les organisations syndicales et patronales du transport routier a été conclu, hier soir, afin de sanctuariser des annexes de rémunération menacés par la réforme du Code du travail, at-on appris de sources concordantes. L’accord, annoncé par plusieurs organisations syndicales (FO, CGT, CFTC) et confirmé dans la foulée par la fédération d’employeurs OTRE et par le gouvernement, garantit le maintien des diverses primes, des frais de déplacement ou encore du 13e mois dans le transport interurbain de voyageurs, selon FO. Les syndicats s’étaient montrés inquiets d’une possible baisse de la rémunération par le biais d’un accord d’entreprise moins-disant que la branche professionnelle, notamment dans les TPE et PME où la concurrence est forte. « Aujourd’hui un accord sécurisant le transport routier a été trouvé », il est « bénéfique pour les salariés » car il « empêche le dumping social par des entreprises moins vertueuses », a réagi Thierry Douine (CFTC). Il a salué les organisations patronales « qui ont accepté de répondre à nos revendications » et affirmé que « leministère du Travail a été beaucoup plus difficile à convaincre ». Dans un communiqué, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et son homologue des Transports, Elisabeth Borne, « se félicitent » que « les partenaires sociaux se soient accordés sur le fait d’intégrer dans un nouvel accord de branche, pleinement compatible avec les ordonnances, l’ensemble des règles auxquelles les organisations syndicales comme patronales ont manifesté leur attachement ». « En complément, le gouvernement s’engage à confirmer dans le code des transports les spécificités du transport routier en matière de frais de déplacement », précisentelles. Par MICHÈLE COTTA
L’équilibre selon Edouard Philippe « Frère gardez vous à gauche, frère, gardez vous à droite ». Paradoxe d’Edouard Philippe : à peine s’est-il fait connaître des Français, tardivement d’ailleurs, à l’occasion de l’émission politique de France – qui a fait un carton ce soir-là-, après deux mois d’été consacrés, dans une trop grande discrétion, aux négociations syndicales et budgétaires, que le voilà attaqué par la gauche et par la droite : le budget le fait simultanément apparaître, aux yeux de la gauche, à l’instar du Président de la République, comme un homme de droite, venu du PR et ancien compagnon de route d’Alain Juppé, qui tout naturellement fait la politique des riches. Tandis que, dans le même temps, l’état-major des Républicains se donne encore huit jours pour se prononcer sur l’exclusion des ceux d’entre eux, Edouard Philippe y compris, qui ont choisi d’appartenir au premier gouvernement du quinquennat Macron. Avec lui, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu, les députés Thierry Solère et Franck Riester ont huit jours pour venir s’expliquer devant leurs anciens collègues du P.R. Inutile de dire qu’Edouard Philippe ne se rendra pas à la convocation. Dans une longue interview parue hier dans le quotidien parisien Libération, il assume au contraire totalement sa position équilibrée. Le choix du journal n’est pas du au hasard : Edouard Philippe a voulu se faire entendre dans un organe de presse qui se revendique de la gauche, et qui est presque, aujourd’hui, un des plus sévères sur sa politique. Au moment où ce sont surtout les réformes bienveillantes à l’égard du capital qui sont dénoncées par la gauche (sans être défendues par la droite) – réforme de l’impôt sur la fortune, « flat-taxe » de % sur les revenus du capital-, le Premier ministre, revendiquant une redistribution de , milliards du pouvoir d’achat, met l’accent au contraire sur l’exonération de la taxe d’habitation pour % des Français, l’augmentation de la prime d’activité et celui du minimum vieillesse. Mais il a beau faire : c’est surtout autour du l’ISF, comme prévu, que se cristallisent les critiques de la France insoumise et de ce qui reste du Parti socialiste. La France a vu partir, en quinze ans d’ISF, plaide le Premier ministre, contribuables représentant globalement milliards de capital. D’où la nécessité, affirme-t-il, de faire évoluer la fiscalité française vers la norme européenne. C’est-à-dire de moins taxer, en effet, les capitaux les plus élevés et les valeurs mobilières, actions et obligations. Même si Matignon envisage bien de se servir du futur débat parlementaire pour revenir sur certaines dispositions mal ressenties, dont la taxation des signes extérieurs de fortune, comme les yacht ou les voitures de sport, il reste qu’on mesure bien les difficultés qu’a le gouvernement actuel, en même temps que le Président de la République, à trouver une position centriste, sinon centrale, dans un pays dominé depuis des années par l’affrontement, le plus souvent stérile, entre la gauche et la droite.