FOOTBALL « Partager ce lieu »
En exclusivité, le président Jean-Pierre Rivère se confie à l’heure de ce nouveau tournant dans l’histoire du Gym. Six ans et demi après son arrivée, le club n’est plus le même
Quel est le coût de ce nouveau centre pour le club ?
Nous finançons l’intégralité du bâtiment, soit un investissement de , millions d’euros. On a un bail emphytéotique de ans, puisque le foncier appartient à la mairie.
Cet investissement de , millions d’euros a été envisageable depuis la vente de Jordan Amavi à l’été ( millions d’euros à Aston Villa) ?
Je ne devrais pas dire ça, mais on a lancé le projet du centre sans avoir la totalité du financement. À l’origine, on pensait financer la moitié, puis les choses ont évolué. La mairie a fait beaucoup de choses : l’achat du foncier, l’aménagement des terrains d’entraînement et l’installation d’une tribune à l’horizon . Il était donc logique que le club finance entièrement le bâtiment. La vente de Jordan Amavi nous a permis d’avoir des liquidités pour lancer le projet, mais il a fallu ensuite se battre pour trouver le financement.
Qu’une banque accepte de vous prêter plusieurs millions d’euros, c’est ça ?
Quand vous associez le mot immobilier à football, les banquiers disparaissent.
Pourquoi ?
Parce qu’il y a une constante dans le foot, c’est de penser qu’on perd obligatoirement de l’argent. C’est un dogme établi. Si on travaille de façon rigoureuse, c’est-à-dire sans prendre de risques démesurés, on peut avoir des comptes à l’équilibre, voire en positif. Concernant, le financement, il se scinde en deux parties : une partie en cash et l’autre sous la forme d’un emprunt. Je tiens d’ailleurs à remercier la BPI et Olivier Vincent, ainsi que la Caisse d’Epargne qui, par l’intermédiaire de son président Christophe Pinault et Jacques-Olivier Hurbal, ont été d’une aide précieuse à un moment clé. Quant à la Banque Populaire, notre partenaire depuis des années, elle n’a pas souhaité nous accompagner.
N’est-ce pas risqué pour un club comme Nice d’investir autant dans un centre d’entraînement ?
Non, on a une vision à long terme. Quand vous réalisez un investissement aussi lourd, le risque est d’affaiblir l’équipe sur le plan sportif. Fort heureusement, nos équipes ont bien travaillé en parallèle et la construction du centre n’a pas oblitéré la dynamique sur le plan sportif. Car, c’est de l’argent qu’on n’investit pas sur le marché des transferts par exemple. Vous cultivez l’image d’un club proche de vos supporters. Ce nouvel outil ne risque-t-il pas de vous éloigner du public ? Alors, certes, notre centre sera plus fermé. Il réunit toutes les composantes du club : les jeunes, les professionnels, le personnel administratif. Il y a également une école, des logements pour les pros, une salle de restaurant. La volonté, c’est d’avoir un seul et unique club, ce qui dans le passé n’a pas toujours été le cas. Mais notre volonté est d’offrir à nos supporters la possibilité de voir nos joueurs au plus près. On a aménagé un espace afin qu’ils puissent suivre nos entraînements. La convivialité, c’est l’une de nos forces. Ce camp d’entraînement, on veut le faire découvrir à nos supporters, nos partenaires et au football amateur. On souhaite partager ce lieu. Des journées de visite vont être organisées à l’avenir. Le seul regret, c’est de ne pas avoir pu inviter pour l’inauguration plus de personnes en raison des normes de sécurité.
Quels souvenirs allez-vous garder du centre CharlesEhrmann ?
J’ai toujours eu beaucoup de respect pour le passé. Si on en est là aujourd’hui, c’est grâce à tous ceux qui ont oeuvré avant nous. Je n’ai pas de nostalgie car dès mon arrivée, j’ai compris qu’il allait falloir déménager. Quand nous faisions signer un joueur, notre première préoccupation était de lui dire dans quel état était le centre d’entraînement. Quand Mario (Balotelli) nous a dit oui, je l’ai prévenu : « Notre centre a ans, les douches, etc. » Il m’a répondu : « Et la pelouse ?» Elle est ok. C’était ce qu’il y avait de plus important à ses yeux. On a toujours dit la vérité.
Le nouveau va-t-il être un atout supplémentaire pour convaincre des joueurs de vous rejoindre ?
C’est à double tranchant. Ce sera une force dans % des cas. Par contre, les % restants, ce sera quand les agents viendront discuter d’un contrat d’un joueur. On va garder un Algeco, sans climatisation, pour ne pas qu’ils pensent en entrant dans ce magnifique bâtiment, qu’à Nice, il y a beaucoup de moyens. On a juste essayé de faire du mieux possible en fonction de notre budget. C’était essentiel, car c’est là que ça se passe. Le voir sortir de terre, c’est avoir la conviction que le club a vraiment grandi.
En six ans et demi, vous avez respecté la feuille de route avec le stade, des investisseurs, l’Europe et ce nouveau centre...
On va continuer à solidifier l’ensemble. Si on n’avait pas lancé la construction du centre, il n’y aurait pas eu d’investisseurs. Tout est lié.
C’est votre plus grande fierté ce centre ?
Ça va donner au club l’opportunité de poursuivre sa politique de développement des jeunes et grandir encore. Quand vous allez faire visiter aux parents ce lieu, ils seront immédiatement rassurés.
À combien va s’élever le coût de fonctionnement d’un tel bâtiment ?
On n’a pas encore de chiffres précis, mais les charges vont augmenter de manière considérable. À nous de trouver des recettes supplémentaires pour compenser ces charges. On ne s’interdit pas de trouver un ‘’namer’’ pour le centre.
Sous votre mandat, il ne manque plus qu’un trophée ?
Oui, ce serait bien (sourires). Les fondations sont là. On n’aurait pas imaginé en être là en . Quand j’entre dans le bureau du maire à l’époque, il m’accorde sa confiance. Elle est mutuelle depuis ce jour-là, ce qui est extrêmement appréciable. C’est lui qui lance la première pierre de l’édifice avec le stade. Car, s’il n’y a pas l’Allianz Riviera en perspective, je ne viens pas. Le maire a lancé le mouvement, on l’a accéléré. Je lui avais dit qu’on n’était pas, non plus, à l’abri d’une descente en Ligue . Je n’avais pas beaucoup de garanties et de visibilité. On a peut-être eu de la réussite, mais je n’aime pas parler de chance. C’est le travail qui nous a permis d’en arriver là. Qu’on le veuille ou non, l’OGC Nice a grandi par son image, ses structures, son jeu. On dispose d’un actif joueur grâce à tout ce travail. En cas de coup dur, on peut y répondre. Avant, on était sur un fil et celui-ci pouvait céder à tout moment. En six ans et demi, on a fait trois fois la Coupe d’Europe, c’est encourageant.
Que manque-t-il pour se rapprocher des budgets de clubs comme Lyon ( millions d’euros), Marseille () ou encore Lille () ?
On ne se rapprochera pas d’eux sur le plan financier. Il n’y aura pas d’investisseurs providentiels avec des moyens illimités. Ça, c’est une certitude. Ce que l’on doit faire, c’est continuer à développer notre cellule de recrutement, investir dans des secteurs bien précis pour qu’on remplisse ce stade. C’est beaucoup de travail, mais c’est passionnant.
Votre regard sur le début de saison ?
On est encore condamné à avoir des mouvements lors des mercatos. On ne prend aucun plaisir à signer un joueur en toute fin de mercato. Il est juste devenu accessible. Notre début de saison a été perturbé. Dalbert, on avait prévu de le garder deux saisons. Mais quand vous êtes attaqué à six millions d’euros et que ça finit à … Nos clauses ont fait sourire, mais sans cela, il serait parti pour quinze millions d’euros. Plus on grandira, plus on maîtrisera nos mercatos.
Wesley Sneijder, c’est un échec ?
On a eu l’opportunité de le faire et c’est un choix que tout le monde a validé. On jouait alors dans un système avec un dix. Ben Arfa, c’était compliqué à réaliser. On compte sur Wesley. Il va jouer et trouver sa place. Les choses sont évolutives dans le foot. Il a une super mentalité, même si c’est difficile pour lui.
Un départ au mercato d’hiver est-il envisageable ?
Il y a beaucoup de matchs à jouer dans une saison.
Lucien Favre au Bayern Munich pour remplacer Carlo Ancelotti, c’est possible ?
Je ne suis pas au courant. Il me semble qu’on est en pleine saison.