Le mot de trop
Les puristes qui ne peuvent user de grossièretés que lorsqu’ils en reprochent à des contemporains moins bien embouchés qu’eux n’ont pas fini d’évoquer ce « bordel » employé par le chef de l’État au risque de choquer également les féministes. Comme si, en dépit du durcissement des lois, le langage était désormais moins châtié que les justiciables. On notera que ce mercredi, à peu près à la même heure, des syndicalistes routiers se félicitaient de « la sanctuarisation du e mois ». Cherchez l’erreur. La classe n’est pas là où vous l’attendiez puisque le président s’exprime comme un charretier et que les charretiers parlent comme des technocrates. M. Macron s’est-il montré arrogant, méprisant, vulgaire voire inconséquent en utilisant les mots de cette rue à laquelle il refusait voilà quelques jours le droit de participer à la démocratie ? Plutôt qu’à une institution disparue, M. Macron eut pu regretter « que le tohu-bohu ou le brouhaha couvrissent ses propos ». Pourquoi n’a-t-il pas dit plutôt « quel cirque ! » en souvenir du chapiteau construit dans sa ville natale d’Amiens par Jules Verne qui y mourut ? Reste que la réouverture – fut-elle strictement oratoire – des établissements fermés en par Mme Marthe Richard va alimenter longtemps une polémique se résumant à savoir si un élève des grandes écoles peut recourir au vocabulaire des cours de récréation ou s’il doit avoir fait son service militaire pour éructer comme un bidasse.