Nice-Matin (Cannes)

Martinez a frôlé Lakata

Treizième du Roc Marathon, le triple vainqueur du Roc d’Azur (1997, 2004 et 2013) est passé près de l’abandon. La faute à un rayon cassé

- LAURENT SEGUIN

Il n’est pas du genre causant, Daniel Geismayr. La barrière de la langue peut-être. Le tempéramen­t autrichien sans doute. À moins que ça ne soit les soixante kilomètres passés en solitaire à l’avant du Roc Marathon, seuls face à ses pensées… Allez, peu importe, toujours est-il que sur la ligne d’arrivée, franchie après trois heures et cinquante-deux minutes d’effort, le bonhomme a pesé chacun de ses mots pour nous raconter sa victoire. Son retentissa­nt succès avait pourtant toutes les raisons de le faire parler puisque Daniel venait de s’imposer devant le triple champion du monde en titre de la spécialité (2010, 2015 et 2017). Mais non, il l’a plutôt laissé sans voix. Tout juste descendu de vélo, notre grand bavard s’est contenté d’expliquer : « J’ai essayé de pousser fort pour creuser l’écart ». Tellement laconique le garçon que lorsque son compatriot­e Alban Lakata franchissa­it la ligne trois minutes après lui, on s’était quasiment tout dit.

« J’étais toujours en embuscade »

Bref, un Autrichien en suivait alors un autre au micro et on espérait avoir plus de chance avec le second. Arrivé avec seulement seize secondes d’avance sur le troisième, au coude à coude avec Fabian Rabenstein­er, Lakata ne venait pas de passer plus de deux heures en solitaire comme Geismayr. Alors forcément, après une belle explicatio­n de texte comme ça, on misait sur une longue analyse. Mais ce satané tempéramen­t autrichien, la barrière de la langue et les écarts de compréhens­ions sur des détails techniques ont achevé tous nos espoirs. Maillot arc-en ciel sur les épaules Lakata ne s’est finalement guère plus éternisé que son compatriot­e. « Pendant la course j’étais toujours en embuscade, j’essayais de rattraper Daniel pendant ces quatre heures mais ma forme n’est pas très bonne en ce moment. Daniel a réussi une très belle saison cette année. Il a mérité sa victoire », se contentait Lakata. Nous aussi, on s’en contentera.

La roue était complèteme­nt tordue

Alors finalement dans tout ça, il a fallu attendre l’arrivée de Miguel Martinez pour enfin tailler une sérieuse bavette avec un pilote. Maillot bleu-blanc-rouge sur les épaules, le champion olympique sacré à Sydney en 2000 a pourtant un palmarès qui parle pour lui. Mais le bonhomme est généreux. Dans l’effort, comme dans la discussion. Et il en avait des choses à raconter le recordman de victoires sur le Roc d’Azur (1997, 2004 et 2013). Victime d’une casse mécanique alors qu’il était en plein duel avec Lakata, Miguel Martinez a été contraint à une réparation de fortune, debout sur sa roue. « Je pensais faire un top dix, mais à mi-course, j’étais avec Lakata et dans une descente j’ai pris un morceau de bois qui m’a fait basculer sur la roue. Ça m’a tordu un rayon et ça m’en a cassé un autre. La roue était complèteme­nt tordue, je me suis mis dessus pour la remettre d’aplomb parce qu’elle freinait trop ». La suite, il l’a passée en « chasse patate », pour finir près de dix minutes du vainqueur. Lakata n’est pas passé loin.

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(Photo Philippe Arnassan) Miguel Martinez a terminé à la e place.

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