Un prix Nobel au Festival du livre
On la présente parfois comme une «écodéesse». Figure de proue de la lutte contre les OGM et grande défenderesse de la biodiversité, elle ne craint pas la controverse, ses idées bien ancrées…
Entre deux conférences, une séance de dédicace et des selfies avec un public passionné à Mouans-Sartoux. L’Indienne Vandana Shiva, prix Nobel alternatif en , met la femme au coeur de l’écologie et du développement. En dénonçant sans relâche les OGM, à l’origine selon elle du drame d’innombrables petits paysans.
Paix, biodiversité, droit des peuples à l’autodétermination: c’est un bon résumé?
Je me bats contre quiconque exploite autrui avec brutalité. Je me bats pour la biodiversité. Je me bats pour la paix. En effet, je me définis dans tout ce qui vient d’être dit.
Comment votre combat a-t-il commencé?
Avant de partir pour le Canada où je devais poursuivre mes études en physique quantique, j’ai voulu me promener une dernière fois dans ma région du Penjab, tout près de l’Himalaya. J’ai découvert que la végétation avait disparu, remplacée par des pommiers qui n’ont pas tenu. Je me suis alors rapprochée du mouvement des Chipkos, ces femmes qui embrassent les arbres pour les défendre contre les tronçonneuses. C’est ainsi que mon activisme a débuté. Par la suite, j’ai consacré mon énergie à la lutte contre toutes les formes de destruction de la planète.
Les OGM, c’est l’ennemi ?
Les OGM sont un énorme mensonge. Sur le triple plan légal, scientifique et éthique. Les OGM réduisent la biodiversité et créent une dépendance, via les royalties sur les semences que les petits paysans ne peuvent pas payer. En Inde, d’entre eux se sont suicidés depuis . Rien que la semaine dernière, autres ont perdu la vie à cause des pesticides. Plus de mille personnes ont attaqué en justice.
Al Gore montre dans Une suite qui dérange les efforts du gouvernement indien lors de la conférence sur le climat de Paris…
De nombreux gouvernements ont un côté schizophrène. Devant de bonnes décisions, nous disons bravo. Quand ce n’est pas le cas, nous nous levons et nous opposons.
Vous dites qu’en achetant une chemise à euros, on cause des dommages ?
Absolument. Nous ne pouvons plus nous comporter en consommateurs inconscients, complices de crimes contre la Terre et contre les hommes. Nous avons d’ailleurs dénoncé le mensonge qui a été entretenu sur le coton transgénique.
L’avenir, c’est le bio?
Aujourd’hui, les petits fermiers produisent % de nos aliments. Ils pourraient nourrir deux fois la population de la planète. Nous n’avons pas besoin des OGM.
Et si vos détracteurs vous présentent comme une activiste anti-progrès?
Le fait que je sois physicienne ne leur permet pas de me traiter comme une illuminée. J’ai renoncé à ma carrière pour servir la Terre. Mais les enseignements que j’ai reçus sont acquis. Savoir que je suis capable d’analyser des données, cela peut faire peur à certains.
Ni écodéesse ni gourou?
Si j’avais voulu être un gourou, j’aurais bâti un énorme ashram et j’aurais fait beaucoup d’argent. Moi, j’aime les gens et j’aime la liberté.