Défilé massif à Barcelone contre l’indépendance
Des centaines de milliers de participants venus de nombreuses régions Mariano Rajoy menace de suspendre l’autonomie de la Catalogne
Des centaines de milliers d’Espagnols de Catalogne et d’ailleurs – 950 000 selon les organisateurs, 350000 selon la police municipale – ont envahi hier les rues de Barcelone pour manifester leur hostilité à l’indépendance de la région, une semaine après le référendum d’autodétermination interdit qui a déclenché une crise politique sans précédent en Espagne depuis 40 ans. « Vive la Catalogne ! Vive l’Espagne ! », scandait la foule qui brandissait des milliers de drapeaux espagnols, du jamaisvu dans le pays depuis la fin du régime de Franco en 1975. C’était aussi la première grande manifestation anti-indépendantiste à Barcelone depuis le début de la crise, avec pour mot d’ordre «Ça suffit! Retrouvons la sagesse ! ». « La démocratie espagnole est là pour rester et aucune conjuration indépendantiste ne la détruira », a lancé à la foule le prix Nobel de littérature Mario Vargas Llosa, qui a les nationalités espagnole et péruvienne. Les manifestants, arborant aussi des drapeaux catalans ou européens, se voient comme la «majorité silencieuse » qui n’a pas eu voix au chapitre depuis que les autorités indépendantistes ont organisé le scrutin, le 1er octobre. « Nous préserverons l’unité de l’Espagne. Vous n’êtes pas seuls », a écrit sur Twitter Mariano Rajoy, qui n’a pas participé lui-même au défilé.
La sécession prononcée demain ?
Pour l’heure, l’impasse est totale entre le chef du gouvernement espagnol et les autorités séparatistes. Le leader catalan Carles Puigdemont réclame une « médiation internationale ». Mais Madrid n’envisage pas de dialogue tant que les séparatistes n’auront pas retiré leur menace de rupture. « On ne peut rien construire si la menace contre l’unité nationale ne disparaît pas» ,a déclaré Mariano Rajoy à El Pais hier. Et de brandir la menace d’une suspension de l’autonomie de la région en vertu de l’article 155 de la Constitution, jamais appliqué dans cette monarchie parlementaire extrêmement décentralisée, qui pourrait aussi provoquer des troubles en Catalogne : interrogé par le journal sur cette mesure, il a déclaré « ne rien écarter ». Estimant avoir remporté le référendum avec 90 % de « oui » à l’indépendance et une participation de 43 %, les séparatistes envisagent de prononcer leur sécession, peut-être lors de la séance du parlement régional demain à 18 heures, lors de laquelle le président régional Carles Puigdemont doit intervenir.