Photovoltaïque : comment rattraper le retard ?
C’est quoi le problème ?
Le potentiel est énorme. Et toujours sous-exploité. La Côte d’Azur a beau faire partie des régions de France les plus ensoleillées ( jours par an, soit un potentiel de kWh/m), elle est à la traîne quant au développement de ses installations photovoltaïques. La faute aux contraintes architecturales et à la pression du foncier. Aujourd’hui, le département des Alpes-Maritimes produit à peine plus de % de l’électricité qu’il consomme, grâce à de vieilles centrales hydrauliques installées sur des cours d’eau de montagne dès la fin du XIXe siècle. Le reste est importé, et place, lors des pics de consommation, la zone sous la menace du blackout.
L’autoconsommation pour booster l’énergie solaire ?
Aujourd’hui, l’énergie photovoltaïque est proche de la «parité réseau»: c’est-àdire que son coût de production ayant baissé, et celui de l’électricité ayant augmenté, il sera bientôt plus intéressant de consommer sa propre production plutôt que de la revendre. «C’est un peu la tendance aujourd’hui. Produire et consommer son énergie peut être rentable, pour des grands bâtiments du secteurs tertiaire, des serveurs ou encore des supermarchés, qui ont une dépense constante d’énergie, notamment pour l’alimentation des frigos », développe Xavier Carlioz, responsable de la filière Energie à la CCI. Cette dernière accompagne le développement de ces projets, à travers le groupement photovoltaïque , qui rassemble une quarantaine d’acteurs, des collectivités et des prestataires.
« On rattrape notre retard doucement »
Elle a aussi développé un outil appelé CartoPV, qui permet d’identifier le potentiel de production photovoltaïque de la toiture des principales entreprises du département, et de leurs parkings. «Si toutes étaient couvertes, la production serait de mégawatts », dit Xavier Carlioz. Les panneaux photovoltaïques installés sur le toit de Castorama à Antibes, pilote en terme d’autoconsommation, couvrent actuellement % de la dépense énergétique annuelle du magasin, soit la totalité de son éclairage. À terme - et à condition que se développent les techniques de stockage - ils devraient fournir % des besoins en énergie de la grande surface. Estimer le potentiel de production d’électricité de sa toiture, c’est un service que la start-up « In Sun We Trust » (ISWT) a lancé lors de la Cop. Le principe? Calculer ce que vous rapportera un panneau solaire sur votre toit. Il suffit de rentrer son adresse, la surface de pose et l’inclinaison. Le site se charge ensuite de vous donner les coûts d’installation, de raccordement d’ERDF et les revenus générés sur ans. Le service «basique» est accessible à tous, mais la start-up monnaye aussi des données affinées auprès des collectivités. «Elles se sont aperçues que développer des installations photovoltaïques sur les bâtiments publics coûtait plus cher que d’encourager les particuliers à le faire», raconte Antoine Ebel, responsable développement. C’est le cas avec Nantes Métropole, pour qui ISWT a monté une plateforme d’accompagnement gratuit des particuliers et des entreprises dans leurs projets d’énergie solaire, basée sur l’exploitation de données D. Celles-ci permettent de modéliser le potentiel solaire du territoire et de chaque bâtiment, avec une précision inédite en Europe. «Pour arriver à ce calcul précis, on croise plusieurs sources : les données d’ensoleillement de Météo France, la topographie de la zone fournie par l’IGN et enfin le taux d’irradiation calculé par l’école des Mines de Sophia. » La start-up est sur le point de concrétiser le même type de partenariat dans les Alpes-Maritimes avec le parc national des Préalpes d’Azur. Un problème technique lié à l’exploitation des données de l’IGN devrait repousser sa mise en service à la fin de l’année. Selon ISWT, une seconde collectivité serait intéressée dans le département des Alpes-Maritimes. «Dans un certain nombre d’autres territoires, il y a un manque de volonté politique », reprend le responsable développement, qui espère tout de même « un effet boule de neige ».