Nice-Matin (Cannes)

VÉLO TOUT TERRAIN

L’évènement se referme sur la victoire du Suisse Rohrbach

- LAURENT SEGUIN

Croiser un évêque au beau milieu d’une foule de fidèles n’a rien d’étonnant, nous direz-vous. Surtout un dimanche matin, à l’heure de la messe. On vous l’accorde. Non, ce qui rend la chose étrange, pour ne pas dire bizarre, c’est de voir ce même évêque donner ses sacrements en courant… au coeur d’une procession de cyclistes. Mais bon, on doit aussi vous faire une petite confession, en ce second dimanche d’octobre, nous avons préféré opter pour une messe un peu à part. Celle du VTT. Et quitte à céder à la tentation du Roc d’Azur, on s’est dit qu’un passage par le saint des saints serait idéal. Alors nous sommes allés sur ce fameux col du Bougnon et c’est là qu’on a vu apparaître ce drôle d’évêque, vêtu, comme chaque année depuis 2014 de sa soutane violette. Posé en haut du Bougnon, Florian encouragea­it ici les forçats du chemin poussiéreu­x. À sa manière. « Au nom du frein, du cintre et du pédalier, amen », lançait le jeune Montpellié­rain, mégaphone à la main. Évidemment, tout ceci n’est pas très orthodoxe. Mais si Florian blaguait, il semble quand même que certains de ses nombreux sacrements aient fini par porter leurs fruits. Au moins ceux qu’il a pu adresser à un certain Nicola Rohrbach, puisque le Suisse a vu son voeu exaucé.

Pas de miracle pour Absalon

Oui, le voilà aujourd’hui baptisé, Nicola Rohrbach. Le voilà inscrit sur la longue liste des vainqueurs du Roc d’Azur après un succès qu’il est allé chercher dans la dernière ligne droite de la course, entre SaintAygul­f et Fréjus. C’est là, sur e cette partie roulante qu’il a décidé de crucifier Daniel Geismayr pour finir seul en tête sur les trois derniers kilomètres. Pendant les cinquante-deux premiers, l’Autrichien, mais aussi le Français Jordan Sarrou, ne l’avaient pas lâché d’une roue. Ensemble au douzième kilomètre dans la périlleuse descente du Fournel et son chapelet de rochers, ces trois-là l’étaient encore dix-neuf kilomètres plus loin dans la montée du Bougnon, au moment de passer devant l’évêque Florian. Toujours au coude à coude sur la plage de SaintAygul­f, les rouleurs suisse et autrichien ont ensuite joué l’union sacrée pour fausser compagnie au tenant du titre et empêcher par là même qu’un Français ne s’impose pour la sixième année consécutiv­e sur le Roc. Côté français justement, Julien Absalon n’a rien pu faire. À court de forme et d’entraîneme­nt, le double champion olympique a peu à peu cédé du terrain, et il était déjà trop tard quand il est passé au col du Bougnon sous les encouragem­ents de la foule amassée. Malheureus­ement pour lui, la messe était dite bien avant de recevoir les sacrements de ce drôle d’évêque, capable donc de bien des choses et surtout amuser tout son monde, mais apparemmen­t pas de faire des miracles. Nicola Rohrbach (vainqueur du Roc d’Azur ) : « Il y a deux ans, j’avais terminé deuxième, derrière Koretzky, l’année dernière je n’étais pas vraiment en forme, mais cette fois, j’étais en bien meilleure condition physique. Aujourd’hui, les cinq derniers kilomètres étaient très tactiques. Nous avons essayé de stopper la série de victoires françaises ici (rires). Ce qui a fait la différence ? Je pense que c’était uniquement la tactique. »

Jordan Sarrou (vainqueur en  et , e au général et premier français à ’’) : « Je suis satisfait car je n’ai rien à regretter. J’ai tout donné, j’ai fait ce qu’il fallait mais devant moi c’était de gros rouleurs. Et tactiqueme­nt, ils s’entendaien­t tous les deux, donc c’était difficile de faire quelque chose face à eux. J’étais quand même assez costaud, j’ai fait ce que j’ai pu, sans regrets. C’est sûr que j’avais la pancarte, aussi… Ils m’attendaien­t et ils ont bien joué de leur côté. C’est une belle course, ça roulait vraiment fort sur la fin. Ce qui a fait la différence ? La tactique, tout simplement. Ils s’entendaien­t… C’était vraiment roulant, j’ai moins le profil d’un rouleur donc c’était plus difficile d’emmener du braquet sur la piste cyclable (avant d’arriver à la Base Nature, Ndlr) .»

Julien Absalon (e à ’ du vainqueur) : « Après cette semaine très chargée (il va créer son équipe la saison prochaine, Ndlr), j’avais revu mes ambitions à la baisse. Mon ambition était vraiment de me faire plaisir, d’aller au bout. On va dire que c’était un rythme intermédia­ire entre un entraîneme­nt très poussé et une course. C’était un peu entre les deux ! »

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(Photos Philippe Arnassan) L’évêque d’un jour n’a pas ménagé ses efforts… comme les pilotes, d’ailleurs.
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